Charité ou redistribution ?

Les restos du cœur ont une trésorerie dans le rouge ! La raison : l’inflation persistante sur les produits alimentaires, plus de 11% sur un an, mesurés en août dernier, et le nombre croissant de personnes sollicitant l’aide alimentaire.

Monsieur Bernard Arnault, première fortune mondiale, s’est montré sensible à la détresse d’une partie de ses concitoyens, en signant le 4 septembre, avec une certaine médiatisation, un chèque de 10 millions d’euros à l’association caritative. De quoi éponger une bonne partie de son déficit.
Saluons la générosité. Mais comme nous ne pouvons nous départir d’un certain esprit critique, lorsqu’il s’agit des ultra-riches, nous avons rapproché le montant de ce chèque d’un autre chiffre, nettement moins médiatisé : 87.9 milliards d’euros d’exonérations de cotisations salariales consenties aux entreprises en 2023. C’est 7% de plus qu’en 2022 et 3.5 fois plus qu’il y a dix ans.
Rappelons que depuis 2018, ce manque à gagner pour les organismes sociaux n’est compensé que partiellement par l’État.

Il en résulte un appauvrissement de la Sécurité sociale et des organismes de protection sociale chargés d’assurer la redistribution vers les plus pauvres de nos concitoyens.
Il serait plus que temps de questionner la pertinence de ces aides aux entreprises et de les cibler de manière plus précise, pour favoriser uniquement celles qui sont réellement utile à l’emploi des salariés les plus fragiles.
Faute de quoi, le gouvernement continuera d’arroser le sable avec l’argent public pour le plus grand bonheur des actionnaires percevant des dividendes toujours plus généreux. Ce qui permet aux mieux lotis d’entre eux de faire bénéficier, à l’occasion, les pauvres de leurs largesses. Avec l’argent économisé sur les cotisations sociales, on peut se montrer généreux et obtenir, à bon compte, la reconnaissance du petit peuple.

Le principe de la Sécurité sociale, c’était que chacun cotisait selon ses revenus pour recevoir selon ses besoins. C’était la solidarité nationale qui opérait la redistribution, pas la charité exercée par les riches.
Certains, qui sont prompts à dénoncer le poids excessif des « charges », comprenez les cotisations sociales, voudraient bien revenir plus largement encore sur ces principes de solidarité, quitte à faire de la charité occasionnelle le levier privilégié pour lutter contre la précarité.
A l’UNSA Retraités, ce n’est pas notre conception de la justice sociale !

Mais chacun peut exprimer sa solidarité, même si nous ne disposons pas des ressources de M. Arnault !
https://www.restosducoeur.org/