Accueil > Édito > L’huile sur le feu
L’huile sur le feu
samedi 15 avril 2023
La promulgation de la loi relevant à 64 ans l’âge d’ouverture des droits la retraite, ne siffle pas la fin de la partie, bien au contraire.
Deux perspectives s’ouvrent pour combattre cette loi inutile et brutale. Le référendum d’initiative partagée, qui permettrait de rendre la parole au peuple français. La construction d’un Premier Mai unitaire et massif, pour exprimer avec plus de force encore que dans les journées précédentes, le rejet de cette réforme.
Au soir de la validation par le Conseil constitutionnel de la loi portant l’âge d’ouverture des droits à la retraite à 64 ans, l’intersyndicale avait demandé solennellement au président de la République de ne pas promulguer cette loi, adoptée dans les conditions que l’on sait, sans vote, au mépris de la démocratie parlementaire, et de recourir à l’article 10 de la Constitution permettant une nouvelle délibération du parlement.
La réponse est tombée dans la nuit. La loi a été promulguée moins de douze heures après l’avis du Conseil constitutionnel et publiée au Journal officiel du 15 avril. Cette posture équivaut à jeter de l’huile sur le feu. Cette précipitation confirme une nouvelle fois le mépris total du dialogue social et des corps intermédiaires qui le portent. Dans ce contexte, l’invitation lancée par Emmanuel Macron aux organisations syndicales à venir échanger le mardi 18 avril, était vide de sens.
Une fois de plus, le président de la République prétend enjamber ce moment fort de l’action sociale, comme il a enjambé depuis 6 ans toutes les crises politiques ou sociales qu’il a traversées. Mais cette fois-ci, il ne s’en sortira pas par la mise en scène d’un « grand débat ». Ceux qui ont cru à l’efficience de ce type d’opération ont mesuré depuis sa totale vacuité. Contrairement à ce que veut faire croire le pouvoir, la partie n’est pas jouée. Pour dénouer une crise politique, dont l’origine réside uniquement dans le refus du dialogue social et dont la responsabilité incombe uniquement à l’entêtement du Chef de l’État, il existe un moyen institutionnel, le référendum d’initiative partagée. Les prétendus « sages » de la rue Montpensier seraient bien inspirés d’en valider la proposition, et de rendre, pour une fois, la parole au peuple souverain.
Si tel n’est pas le cas, il restera au mouvement social, dans sa diversité, à explorer toutes les voies qui lui sont ouvertes pour faire entendre la volonté populaire. La première opportunité est la date du premier mai. Nous pouvons, nous devons, en faire un temps fort de la démocratie sociale : contre une réforme inutile et massivement rejetée, contre un exercice brutal et autoritaire du pouvoir, au mépris de l’opinion majoritaire.
Le mouvement social dispose d’un outil extrêmement précieux, l’unité syndicale. Elle fut déterminante dans différents épisodes majeurs de notre histoire sociale, le printemps 1936, la mise en œuvre du programme du Conseil National de la Résistance, parmi d’autres... L’unique mérite d’Emmanuel Macron est d’avoir permis, par son cynisme, son arrogance et sa brutalité, de la maintenir et de la renforcer, au fil des semaines.
A celui qui, en même temps qu’il se préoccupe de la reconstruction de Notre-Dame, s’applique méthodiquement, depuis six ans à démolir nos droits sociaux, répondons en faisant du 1er mai 2023, un temps de rassemblements extrêmement puissant pour la défense de nos acquis sociaux, pour la défense de la démocratie. Retraités de l’UNSA, nous y avons toute notre place !