Accueil > Édito > Qui aurait pu penser...?

Qui aurait pu penser...?

jeudi 29 juin 2023

Qui aurait pu penser ? C’est avec cette manière d’anaphore que le Président de la République nous avait souhaité ses vœux 2023. Six mois et un mouvement social d’ampleur inédite plus tard, nous nous sommes autorisés à plagier cette figure de style pour tirer notre bilan de la période écoulée...

On se souvient peut-être des interrogations formulées par le Chef de l’État lors de ses vœux de Nouvel An :
« Qui aurait imaginé la guerre revenue sur le sol européen après l’agression russe jetant son dévolu sur l’Ukraine et sa démocratie ? Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? »
Six mois plus tard, il est tentant de reprendre la figure de style et de décliner cette forme d’anaphore.
Qui aurait pu penser qu’au bout de six mois de journées d’action, le peuple français refuserait avec autant de détermination une réforme qui prive chaque salarié des deux meilleures années de sa retraite ?
Qui aurait pu penser qu’après 15 journées de mobilisation, l’intersyndicale conserverait sa force et son unité ?
Qui aurait pu penser qu’un préfet de la République pousserait le ridicule jusqu’à interdire les casseroles, parées pour l’occasion du titre ronflant d’instruments sonores portatifs, dans les rues de nos villes ?
Qui aurait pu prédire que le gouvernement et ses supplétifs, au rang desquels Mme Braun-Pivet, mobiliseraient autant d’articles de la Constitution pour museler un parlement possiblement rétif ?
Qui aurait pu penser, à part des constitutionnalistes chevronnés et feu Michel Debré, auteur de la Constitution de la Cinquième République, que celle-ci contenait dans ses paragraphes autant d’articles permettant d’interdire le vote des députés ?
Qui aurait pu penser que le 6 juin, les rues de Dijon se couvriraient du bleu de l’UNSA, notre congrès ayant décidé d’investir massivement la manifestation de la ville qui l’accueillait ?
Qui aurait pu penser que les gaz lacrymogènes, ça pique tant les yeux ?
Libre à chacun de poursuivre à sa guise au regard de son expérience.

Nous abordons la trêve estivale. Les jours de vacances seront comptés pour ceux qui ont enchaîné les jours de grève, pour ceux dont l’inflation a vidé les bas de laine…
Pour tous, profitons de la période pour faire provision d’énergie. Même retraités, les militants ont parfois besoin de souffler. Mais restons vigilants, car la période estivale est, de tradition, celle où les gouvernements décochent leurs attaques contre les droits sociaux.
Bel été à tous quand même !