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Avis du Comité de Suivi des Retraites, des recommandations très discutables !

vendredi 11 juillet 2025

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Un mois après la publication du Rapport du COR 2025, le Comité de Suivi des Retraites (CSR), à l’appui des travaux du COR, a rendu son avis.
Si nous pouvons nous satisfaire de certaines de ses analyses, les conclusions et plus encore les recommandations issues des travaux du CSR sont fortement préjudiciables pour les salariés actifs que pour les retraités et s’opposent assez radicalement aux propositions que nous formulons.

Voici, résumées, les idées forces contenues dans ce 11e avis du Comité de Suivi des Retraites :

  • Maintien des mesures de la réforme de 2023, dont le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à 64 ans.
  • Réduction des droits permettant les départs pour carrières longues.
    Et pour trouver à l’échéance 2030, les 6.6 milliards nécessaires à l’équilibre financier du système des retraites, des propositions de choc :
  • Désindexation de toutes les pensions.
  • Tendance à ramener le revenu de remplacement que représentent les pensions à 90% du revenu de l’ensemble de la population.
    Les justifications à ces recommandations :
  • Les retraités français ne sont pas assez pauvres par rapport à leurs homologues européens.
  • Ils épargnent beaucoup, on peut donc les ponctionner.

Les recommandations dans le détail :
Le CSR ne peut pas proposer de relèvement de cotisations, car le taux de 28% défini comme un maximum par le décret n° 2014-654 du 20 juin 2014 instituant les missions du CSR, est déjà atteint
Le CSR, sans explicitement la faire sienne, cite la proposition débattue par les partenaires sociaux au sein de la délégation paritaire permanente. La piste envisagée consistait en une sous-indexation de 0,8 point en 2026 puis de 0,4 point par an entre 2027 et 2030, soit une sous-indexation cumulée de 2,4 points.
Il considère donc que des marges de manœuvre existent pour mobiliser le levier de la sous-indexation dans les régimes de base afin d’assurer le retour à l’équilibre du système de retraite d’ici 2030. Il estime que cette sous-indexation devrait avoisiner 2 points.

Néanmoins, le comité formule deux remarques appelant à la prudence :
  Le risque d’un un effet récessif sur l’économie.
  Le respect de la promesse implicite entre les cotisants et les retraités de maintien d’un "niveau de vie satisfaisant pour tous les retraités" .

Regrettant l’absence d’un indicateur chiffré définissant cette notion de « niveau de vie suffisant », le CSR laisse sous-entendre qu’un recul du niveau de vie des retraités se situant à 90% de celui de l’ensemble de la population serait acceptable.

On relèvera que le jury citoyen associé aux travaux des experts du CSR émet un avis divergent par rapport à celui des experts : il n’est pas favorable aux propositions d’action sur les pensions, mais préfèrerait une hausse des cotisations et une amélioration de l’emploi des seniors.

L’avis de l’UNSA Retraités :
Face à un besoin de financement estimé à 6.6 milliards d’euros, l’UNSA Retraités :
  S’interroge sur la validité de cette estimation qui ne tient pas compte des produits financiers générés par les différentes réserves des caisses de retraite.
  Refuse une sous-indexation des retraites qui frapperaient d’abord les retraités les plus modestes, au premier rang desquels les femmes seules.
  Dénonce le fait que les retraités soient considérés dans cet avis comme une population plutôt homogène, qu’il serait possible de mettre à contribution selon des règles communes.
  Dénonce la volonté d’accélérer la dégradation du niveau de vie des retraités , engagée depuis près de 15 ans, pour la ramener à la moyenne des pays européens. L’UNSA retraités refuse cet alignement par le bas.
Alors que la retraite moyenne brute des femmes, est voisine, à 22 euros près, du seuil de pauvreté, ratiociner sur un indicateur définissant un "niveau de vie suffisant", relève de la méconnaissance de la situation de trop de retraités, voire de l’indécence, quand ces retraités se battent au quotidien pour faire face à la précarité.

Avec l’UNSA, l’UNSA Retraités avance des propositions alternatives :
  Soumettre aux cotisations sociales les revenus du travail qui en sont exonérés, heures supplémentaires, primes…
  Réévaluer la pertinence de certaines exonérations patronales, particulièrement sur les salaires supérieurs à 1,6 fois le SMIC.
  Rendre la CSG plus progressive pour les actifs comme pour les retraités.
  Augmenter les salaires, et donc les cotisations,
  Établir la parité salariale hommes-femmes pour réduire lés inégalités de pension
  Augmenter le taux d’emploi des seniors : à 63 ans un quart des salariés ne sont ni en emploi ni à la retraite.
 Pour les retraités, maintenir les règles de revalorisation des pensions telles que définies par le Code de la Sécurité sociale et mettre à contribution, de façon plus progressive, les rentes et ressources issues du patrimoine.
Une forme de contribution fléchée reposant sur ces revenus pourrait consolider le financement de nos régimes de retraites et le cas échéant abonder le fonds de réserve des retraites.

Pour aller plus loin :
L’analyse de l’UNSA

Notre analyse sur l’avis 2025 du CSR
L’avis du CSR