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Budget 2025, le retour des vieilles recettes ?

vendredi 8 mars 2024

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Le gouvernement est à la peine pour boucler son budget. En cause, une estimation par trop optimiste de la croissance économique, revue à la baisse de 1.4% à 1%. D’où l’impératif, pour répondre aux critères exigés la doxa ordolibérale, de 10 milliards d’économies sur le budget 2024, et de 12 à 20milliards, selon les annonces, sur le budget 2025...
Une nouvelle fois, les retraités comme les chômeurs pourraient faire les frais de l’histoire...

Bruno Le Maire s’est répandu dans les médias pour exposer l’urgence de faire des économies pour réduire les déficits budgétaires et tenter de contenir le chômage. Il lui faut trouver 10 milliards pour 2024, 12 milliards pour 2025...

Les gisements d’économies...
On a compris que les chômeurs feraient les frais de l’affaire, à commencer par les seniors.
On a compris que les budgets d’investissement pour préparer l’avenir : transition écologique, recherche, formation, éducation étaient considérés comme des gisement d’économies.

Ce à quoi on ne touchera pas...

On a entendu le Medef nous dire que les aides aux entreprises, justifiées ou non, étaient une ligne rouge à ne pas franchir (Patrick Martin , président du MEDEF dans Les Échos, le 23 février 2024). Et on se doute que c’est le genre de ligne que le gouvernement considère comme infranchissable. Beaucoup plus que celles définies par l’intersyndicale l’an dernier pour rejeter la réforme des retraites, et tracées pourtant par 7 français sur 10.
On imagine qu’il est fort peu probable de songer à la mise à contribution des dividendes du CAC 40, lesquels vont tomber le mois prochain, et promettent d’être une nouvelle fois plus que confortables, pour l’exercice écoulé.
On a déjà bloqué la valeur du point d’indice de la Fonction Publique. Difficile de faire plus...

Il reste les retraités...
Opportunément, de brillants économistes expliquent ici ou là que la revalorisation des pensions de janvier a coûté 14 milliards d’euros, et qu’il était déraisonnable d’augmenter autant les pensions de ces « inactifs »....
C’est oublier un peu vite que cette « augmentation » n’est que le rattrapage (partiel) du pouvoir d’achat perdu par les retraités depuis le début de la crise inflationniste. C’est oublier un peu vite que ce rattrapage résulte uniquement de la stricte application de la loi, en l’occurrence l’article L161-25 du code de la Sécurité sociale. C’est oublier un peu vite que ces inactifs ont été actifs de longues années et que leurs droits résultent d’une solidarité intergénérationnelle, qu’ils ont assurée pour leurs aînés tout au long de leurs vie professionnelle.
C’est oublier un peu vite que, sauf dans la tête de Bruno Le Maire, on n’en a pas terminé avec la crise inflationniste. Si l’indice INSEE de février 2024 affiche une inflation à 2.9%, le niveau qu’elle avait au début de la crise en janvier 2022, les produits alimentaires sont encore affectés d’une inflation à 3.6% et et 4.4% pour l’énergie !

Vieilles recettes !
Et donc, on nous ressort l’inusable recette de la désindexation partielle (ou totale, il s’agit alors de gel) des pensions par rapport à l’inflation. Recette mise en œuvre en 2019 par Édouard Philippe, et qui ne répugnerait guère au plus jeune premier ministre nommé par le plus jeune président de la République. Comme quoi, les jeunes peuvent au besoin recourir à des recettes éculées !

Les déficits budgétaires résultent très largement de la politique du « quoi qu’il en coûte » mise en œuvre pendant la crise du COVID. Cette politique a été utile à tous. En faire supporter le coût sur des publics ciblés, chômeurs, fonctionnaires, retraités... relève de l’injustice. C’est le constat que dresse par exemple Eric Heyer, économiste à l’OFCE.

Il conviendra d’examiner avec une extrême vigilance le projet de financement de la Sécurité sociale 2025, lequel pourrait s’avérer porteur de signaux négatifs pour le maintien de notre pouvoir d’achat de retraités. Et au besoin, de réagir avec force, si les pistes explorées par le ministre du budget se concrétisaient dans le PLFSS 2025.