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Pauvreté : fort accroissement en 2023
mercredi 9 juillet 2025
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9,8 millions de pauvres en France en 2023. Être pauvre, cela signifie disposer de moins de 1288 euros pour vivre quand on vit seul.
Parmi ces 9,8 millions de pauvres, on dénombre 1,8 millions de retraités, majoritairement des femmes. Et pour ces retraités, la précarité revêt un caractère définitif.
Les décideurs qui envisagent un gel des pensions et de minima sociaux doivent avoir cette réalité à l’esprit. Au besoin, nous nous chargerons de la leur rappeler !
L’INSEE vient de publier les chiffres déterminant le seuil de pauvreté pour 2023. Il se situe désormais à 1288 euros pour une personne seule (1932 euros pour un couple), ce qui correspond à 60% du revenu médian des Français pour l’année considérée.
Le taux des personnes vivant sous le seuil de pauvreté a fortement augmenté. Il atteint désormais 15.4%, un niveau record depuis 2016.
Ce sont donc 9.8 millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté, 650 000 de plus qu’en 2022, (année où 14,4% des Français disposaient d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté).
Pourquoi cette augmentation ?
L’année 2023 correspond au pic de la crise inflationniste. Or, l’inflation est un impôt sur les plus pauvres.
L’INSEE relève que les familles monoparentales, les enfants et les chômeurs sont les plus affectés par cet accroissement de la précarité.
L’INSEE explique cette paupérisation accrue par « la non-reconduction des mesures exceptionnelles mises en place en 2022 pour protéger le pouvoir d’achat des ménages », De plus, les revenus des plus modestes se sont contractés.
Et les retraités ?
Statistiquement, les retraités apparaissent moins affectés. Cependant, si l’on analyse sur leur situation de façon plus détaillée, on constate de fortes disparités chez les seniors. Si le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté se situe à 11.1% pour les retraités, 21,9% des femmes retraitées divorcées vivant seules (une sur cinq) disposent d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté, nous dit le rapport du COR 2025.
Rappelons également que le taux de pauvreté a progressé de 3 points entre 2017 et 2022, toujours selon le rapport du COR.
Sur les 9,8 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, plus de 1,8 million sont des retraités. Et pour ces personnes, la situation de pauvreté est généralement irréversible.
Des inégalités qui progressent fortement :
L’INSEE pointe également une forte hausse des inégalités. En 2023, les 20 % de la population les plus modestes perçoivent 8,5 % de la somme des niveaux de vie contre 38,5 %, soit 4,5 fois plus, pour les 20 % les plus aisés.
Chez les retraités, parce que notre système de retraite demeure assez largement redistributif, les écarts sont moins marqués.
Conflit de générations ?
Les analystes soulignent un taux de pauvreté moindre chez les retraités que chez les actifs. Il peut y avoir deux façons de réduire cet écart :
- soit en revalorisant les minima sociaux concernant les actifs, notamment ceux qui sont orientés vers les familles monoparentales et les chômeurs,
- soit en désindexant les pensions pour faire baisser les revenus des retraités, piste évoquée voici trois mois par le président de la CPME, M. Reza Tofighi, lorsqu’il pointait le fait que les retraités français étaient moins pauvres en moyenne que leurs homologues européens.
A l’heure où l’on nous parle de plus en plus d’"année blanche" budgétaire et donc de non-revalorisation des pensions, le risque d’une telle mesure se profile.
L’avis de l’UNSA Retraités :
Ce n’est pas en appauvrissant les retraités modestes que l’on réduira les inégalités, mais bien en relevant les minima sociaux, ceux des actifs comme ceux des retraités !
La pension moyenne brute est de supérieure de 22% au seuil de pauvreté. La pension moyenne brute des femmes, 1310 euros en 2023, dépasse seulement de 22 euros ce seuil (1,7% de plus que le seuil de pauvreté). Leur pension nette doit se situer en dessous !
En septembre, les pistes d’arbitrages budgétaires vont être soumises à la représentation nationale. Les pensions de retraites ne doivent pas servir de variable d’ajustement. Si l’on veut cibler les revenus des retraités les plus riches, et il en existe, ce sont plutôt leurs revenus patrimoniaux, ceux issus de la rente qu’il conviendrait de mettre à contribution pour plus d’équité. Les pensions résultent du travail passé, le revenu de remplacement qu’elles représentent doit être maintenu et garanti.