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Ruptures et remises en couple chez les 50 ans et plus.

samedi 20 avril 2024

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Dans le cadre du Haut Conseil de l’Age, la chercheuse Anne SOLAZ (chercheuse à l’INED depuis septembre 2001 et Rédactrice en chef de la revue Population et Sociétés depuis 2023) nous a présenté ses travaux sur ce thème. Les divorces et ruptures d’union sont devenus beaucoup plus fréquents depuis un demi-siècle, comme les remises en couple ensuite. Qu’en est-il pour les personnes de 50 ans et plus ?

Quelques données tout d’abord...
Il y a une arrivée massive des baby-boomers à la retraite jusque vers 2035. Démographiquement, ils se sont moins souvent mariés et ont connu davantage de ruptures familiales. Professionnellement les femmes baby-boomeuses ont été plus actives, mais le chômage a été plus fréquent.

Des histoires conjugales différentes au fil des générations
Il y a 20 ans, les personnes qui atteignaient l’âge de 50 ans avaient connu pour la plupart une seule union : partenaires au sein d’un couple marié avec enfants, les époux franchissaient unis le cap du cinquantième anniversaire de l’un d’eux.
À 50 ans l’état matrimonial des individus est plus diversifié aujourd’hui qu’il y a vingt ans. Alors qu’à cet âge 79 % des hommes et 75 % des femmes étaient mariés dans la cohorte née en 1945, ils ne sont plus que 57 % des hommes comme des femmes dans la cohorte née vingt ans après. On dénombre un peu plus de personnes divorcées mais surtout beaucoup plus de personnes jamais mariées (célibataires à l’état civil). C’est le cas de 30 % des hommes et 25 % des femmes pour la dernière génération observée, née en 1965.
Mais la majorité des personnes ayant le statut matrimonial de célibataire à 50 ans ont vécu une ou plusieurs unions cohabitantes.
À 50 ans, la part des personnes ayant déjà rompu au moins une union corésidente, cohabitante ou mariée, augmente de génération en génération. Les hommes nés entre 1926 et 1935 sont 4 % dans ce cas, ceux nés juste après-guerre, un quart, et ceux nés entre 1956 et1964, plus d’un tiers. Une évolution comparable s’observe pour les femmes.

Former un couple tardivement : les intentions …

L’augmentation massive des séparations, associée à une moindre désapprobation sociale vis-à-vis des personnes séparées et divorcées, change les perspectives pour les plus de 50 ans qui peuvent plus facilement qu’auparavant reformer un couple après une rupture conjugale. Toutefois, les intentions de former ou reformer une union pour les personnes vivant seules diminuent très vite avec l’âge au-delà de 50 ans. Ainsi, 29 % des cinquantenaires interrogés en 2005 pensent probablement ou certainement reformer une union dans les 3 ans, contre 8 % des sexagénaires et seulement 3 % des septuagénaires. Ces intentions sont nettement plus fortes pour les hommes : 37 % des hommes entre 50 et 59ans déclarent probablement ou certainement avoir l’intention de former une nouvelle union contre 24 % des femmes aux mêmes âges. Entre 70 et 79 ans, ils sont encore 10 % contre seulement 1 % des femmes.

… et leurs réalisations.
Les hommes seuls de 70 ans ont plus de deux fois moins de chances de reformer une union que les hommes de 50 ans, et cet écart est encore plus important pour les femmes qui ont presque cinq fois moins de chances de reformer une union à 70 ans qu’à 50 ans. Les hommes enfin reforment plus fréquemment un couple à tous les âges que les femmes.
Il est difficile de dire si les différences d’intentions intègrent les plus faibles chances ou une volonté moindre de vivre en couple pour les femmes, qui ont peut-être « moins à gagner » que les hommes, du fait de la répartition inégale des tâches domestiques entre sexes au sein du couple, particulièrement marquée dans ces générations. À ces âges, elles pourraient préférer une relation conjugale qui préserve leur autonomie, par exemple sans partage du même toit. De plus le nombre de « partenaires potentiels » est de plus en plus déséquilibré selon le sexe avec l’avancée en âge : à 50 ans il y a 1 homme seul pour une femme seule. A 70 ans c’est 1 homme seul pour 3 femmes seules. Et à 90 ans il y a 1 homme seul pour 5 femmes seules.

Les divorces de seniors en hausse
Les divorces sont moins fréquents avec l’avancée en âge. Toutefois, le nombre de divorces impliquant un homme ou une femme de plus de 50 ans a récemment beaucoup augmenté. En 1996, les divorces impliquant un homme de plus de 50 ans représentaient 17 % de l’ensemble des divorces, en 2016 ils en représentent 38 %. Pour les femmes, ces divorces représentaient 11 % du total des divorces en 1996 et 29 % vingt ans plus tard. L’augmentation relative est encore plus marquée si l’on considère les divorces impliquant un homme ou une femme de plus de 60 ans : leur part a triplé dans l’ensemble des divorces.

Cette tendance à la hausse a d’abord été mise en évidence aux États-Unis, mais est maintenant également bien observable en France. Il est difficile à ce stade de dire s’il s’agit d’un effet propre à l’arrivée de la génération des babyboomers à ces âges avancés, ou si la hausse se poursuivra avec les générations suivantes lorsqu’elles atteindront à leur tour 50 ans.