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Comptes dans le rouge !

samedi 1er juin 2024

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La sanction est tombée le 31 mai : la note de la France a été dégradée par Standards & Poor’s. Même si cette sanction a moins d’incidences que prétendent les économistes libéraux, elle n’en constitue pas moins un coup de semonce pour le gouvernement et Bruno Le Maire.
Plus grave, les comptes de la Sécurité sociale sont dans le rouge.

En 2023, notre système de protection sociale affiche un déficit de 10,8 milliards d’euros, soit 3,7 milliards de plus que prévu par le projet de loi de financement pour 2023.
Pour 2024, la commission des comptes de la Sécurité sociale prévoit un déficit de 16,6 milliards d’euros (régime général + Fonds Social Vieillesse), contre 10,5 milliards prévu dans la dernière Loi de Finances de la Sécurité sociale (LFSS). Dans le détail, la branche Maladie accuserait un déficit de 11,4 milliards d’euros, la branche Retraite de 5.5 milliards d’euros.

La réponse immédiate, apportée notamment par la Cour des Comptes, cible les dépenses, avec la proposition de fortes restrictions sur les arrêts de travail… Même si le Président de la République a écarté pour l’instant, par pur électoralisme, la mise à contribution des retraités, gageons que des pistes dans ce sens vont rapidement être évoquées, particulièrement lorsque surviendra le débat sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale…
Dans le catalogue des mesures d’austérité orientées vers les retraités, on va de la plus rustique, la désindexation totale ou partielle de l’augmentation des pensions par rapport à la hausse des prix, à d’autres plus subtiles, la majoration du taux supérieur de CSG, la suppression de l’abattement de 10 % sur les impôts des retraités assujettis à l’impôt sur le revenu…
Rappelons au passage que les retraités ont déjà assumé leur part du fardeau dans les années antérieures, avec une baisse de leur pouvoir d’achat supérieure à 8% entre 2015 et 2022, du fait des mesures de désindexation déjà pratiquées.

Avec l’UNSA, nous pensons, à l’UNSA Retraités, qu’avant de réduire les dépenses, il conviendrait, pour revenir à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale, d’améliorer les recettes :
  En assujettissant à contribution les heures supplémentaires, les compléments de salaire, la prime de partage de la valeur ajoutée (prime Macron),
  En remettant en plat les exonérations de cotisations des employeurs, dont certaines sont inutiles, tant pour la compétitivité que pour l’emploi. A titre d’exemple, l’exonération des cotisations familiales pour les salaires compris entre 2.5 et 3.5 SMIC.
II s’agirait aussi de revoir l’affectation du coût de la dette « COVID », entièrement supporté par la Sécurité sociale. L’UNSA demande que cette dette soit assumée par le budget de l’État, et non à la charge des seuls assurés sociaux.

Outre les déficits, rappelons qui si l’État tenait ses engagements, il faudrait prévoir les budgets pour abonder largement le financement de la branche Autonomie de la Sécurité sociale. Les enjeux démographiques et les manques dans le secteur de la prévention et de la prise en charge de la perte d’autonomie exigent un effort accru dans ce domaine.

A l’UNSA Retraités, nous pensons qu’une refonte de la CSG, pour les actifs et pour les retraités, en lui appliquant une progressivité comparable à celle de l’impôt sur le revenu, serait une piste qu’il faudrait explorer, pour un financement plus équitable de la protection sociale.

De manière générale, nous l’avons déjà dit mais il est bon de le répéter, ce n’est pas la qualité de retraité qui doit imposer une plus forte contribution, mais bien le niveau des ressources dont dispose chaque ménage, qu’il soit actif ou retraité, afin que chacun reçoive selon ses besoins et contribue selon ses moyens, pour une plus juste redistribution.