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Bénévolat des retraités : Quelles motivations ?

lundi 30 décembre 2024

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Les motivations des bénévoles :
Cette enquête en ligne a été menée du 15/02/24 au 22/04/24 auprès de 3920 bénévoles de tous horizons. Elle a été menée par Recherches et Solidarités (R&S) et l’Institut Européen de Développement Humain (IEDH). Les résultats qui suivent ont été présentés au Haut Conseil de l’Âge et concernent les réponses des bénévoles de 60 ans et plus.

Commençons par les 60/69 ans.
Leur taux d’engagement en association est passé de 32% à 22% entre 2013 et 2024 (moins 10 points).
En 2019, 15% d’entre eux intervenaient chaque semaine dans leur association ; ils ne sont plus que 8% en 2024.
• Les motivations qui les conduisent à l’engagement semblent déjà traduire une certaine résignation : ils sont un peu moins sensibles à l’acquisition de compétences et à leur épanouissement personnel. Parmi leurs satisfactions, le plaisir d’être avec les autres et de faire progresser l’association sont plus affirmés quand le sentiment de changer les choses, l’épanouissement personnel et la reconnaissance s’essoufflent avec l’âge. Parmi les déceptions, ils citent plus souvent le manque de moyens humains.
• Par rapport aux autres générations, leur engagement est plus souvent synonyme de plaisir et d’enthousiasme. Ils sont moins en attente de changement dans leur bénévolat et plus souvent satisfaits du temps qu’ils lui consacrent.
• Ils considèrent que le bénévolat leur apporte des qualités d’écoute et l’attention aux autres, mais dans l’ensemble, ils semblent avoir un peu moins conscience de tout ce que peut leur apporter le bénévolat.
• Leurs attentes pour mieux vivre leur engagement sont un peu différentes au sein de cette tranche d’âge : les 60-64 ans restent en demande de conseils, de formations, de participation aux décisions alors que les 65-69 ans expriment plus le besoin de renforts bénévoles et plus d’attention de la part de leurs dirigeants quand ils n’en sont pas eux-mêmes.

Poursuivons avec les 70ans et plus.
Leur taux d’engagement en association est passé de 38% à 24% entre 2013 et 2024 (moins 14 points).
En 2019, 21% d’entre eux intervenaient chaque semaine dans leur association ; ils ne sont plus que 14% en 2024.
• Comme pour les 60-69 ans, leurs motivations semblent traduire une certaine résignation : ils sont moins sensibles à l’acquisition de compétences et à leur épanouissement personnel. C’est dans cette tranche d’âge que les satisfactions sont les moins nombreuses. Ils souffrent particulièrement du manque de moyens humains, et souhaiteraient, avant tout, être épaulés par d’autres bénévoles pour mieux vivre leur engagement.
• Ils évoquent moins souvent le plaisir pour résumer leur engagement, moins encore l’épanouissement personnel, et en revanche un peu plus souvent des inquiétudes.
• Ils se disent heureux d’agir en équipe mais un peu moins « citoyens engagés » et « acteurs » que les autres. Comme les 60-69 ans, ils considèrent que le bénévolat leur apporte des qualités d’écoute et d’attention aux autres, et, dans l’ensemble, ils semblent avoir un peu moins conscience de tout ce que peut apporter le bénévolat.
• Eux aussi souhaiteraient une meilleure attention de la part de leurs dirigeants quand ils n’en sont pas eux-mêmes.
• Leur âge, et une certaine lassitude pour certains, les encouragent peu à se projeter dans l’avenir. Ils sont 20% à souhaiter une réduction de leur engagement, à la fois pour eux et pour leurs proches, et ils sont particulièrement soucieux de transmettre leur savoir-faire.

Quelques éléments explicatifs.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le désengagement des seniors et méritent des recherches approfondies pour les objectiver. Parmi elles :
Les solidarités familiales et intergénérationnelles  : la position « pivot » entre parents, enfants et petits-enfants.
Une génération hédoniste  : les Baby-boomers n’ont pas connu la seconde guerre mondiale, les structures d’engagement collectif qu’étaient les patronages, les églises, les associations et les syndicats ; ils ont grandi et profité de la société de consommation ; ils bénéficient d’une offre de loisirs très large.
La montée dans les associations de bénévoles plus jeunes et le « sentiment » des plus âgés de ne plus y avoir leur place.
Le sentiment d’être dépassé sur certaines compétences liées à la dématérialisation (fracture numérique) ou s’en désintéresser volontairement.
Le sentiment aussi de ne plus être en phase ou de ne pas avoir sa place dans certains modes de gouvernance.

Pour aller plus loin :L’enquête sur le bénévolat