Accueil > Société > Thé dansant à Andernos-les-Bains !

Thé dansant à Andernos-les-Bains !

vendredi 13 juin 2025

◷ Lecture 3 min

L’équipe d’Elise Lucet, dans l’édition du 12 juin de l’émission « Envoyé spécial », s’est livrée à une déplorable caricature de l’image des retraités.
A l’heure où l’érosion des pensions est confirmée par le COR, l’UNSA Retraités condamne l’aspect caricatural de l’enquête d’envoyé spécial, au moins dans son amorce.
Rien de tel pour aggraver les antagonismes générationnels. Notre société, déjà suffisamment fracturée, n’a pas besoin de ça.

Élise Lucet a fait le choix de poser ses caméras à Andernos-les-Bains, commune présentée comme la ville préférée des seniors. C’est sans doute vrai pour ceux qui en ont les moyens. Cette sympathique bourgade du bassin d’Arcachon affiche un prix du mètre carré habitable assez coquet, qui dépasse les 5000 e ros.

Le retraité qui ambitionne de finir ses jours au soleil dans cette cité devrait être en mesure de débourser 250 000 euros pour acquérir un T2 de 50 m². Cela correspond à 93,5 % du patrimoine d’un retraité moyen. Son acquisition lui laisserait pour réserves financières un livret A sérieusement écorné. Pas besoin d’être banquier ou agent immobilier pour estimer que les retraités solvables pouvant prétendre se loger à Andernos appartiennent d’évidence à la partie la plus favorisée des retraités.

On nous a donc présenté une joyeuse troupe de seniors occupés à danser, chanter et faire tourner les serviettes. Lesquels, lorsque le journaliste les interrogeait sur le mode badin, pour savoir s’ils étaient prêts à consentir à des efforts pour redresser les comptes publics, répondaient dans une hilarité générale, un « non » unanime à cette question, en redoublant d’énergie pour faire tourner leurs serviettes.

Franchement, Madame Lucet, l’ensemble des retraités ne ressemble pas à cette image dégoulinant de stéréotypes, dont la finalité était de démontrer que les retraités sont des privilégiés, qui ne pensent qu’à jouir de bons moments, et sont indifférents à la dureté des temps.

Franchement, Madame Lucet, cette entrée en matières était plutôt mal venue quand le rapport du COR nous confirme qu’une femme divorcée sur quatre, vivant seule, dispose d’une pension inférieure au seuil de pauvreté. Peu d’opportunité pour ces retraitées de fréquenter les thés dansants.

Franchement, Madame Lucet, ce florilège d’égoïsmes joviaux ne correspond ni au vécu, ni à la conscience de l’ensemble des retraités, dont bon nombre déploient leur énergie dans le bénévolat, aux restos du coeur, à la Banque alimentaire,dans le soutien scolaire, ou dans les conseils municipaux des communes rurales... Mauvaise idée que de présenter cette vision des seniors, alors que le taux de pauvreté des retraités s’est accru de trois points entre 2017 et 2022.
Peut-être la tonalité générale de votre émission était-elle mieux étayée et différente, mais une telle entrée en matière ne pouvait que détourner les téléspectateurs attachés à la justice sociale, à la solidarité, à la défense des retraités modestes, de l’envie de poursuivre plus loin l’écoute.

A l’UNSA Retraités, nous défendons un système des retraites à même de garantir l’équité au sein de chaque génération comme entre générations, selon le principe fondateur de notre Sécurité sociale : Chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. Et les retraités riches doivent contribuer aussi, non parce qu’ils sont retraités, mais bien parce qu’ils sont riches. Cela vaut aussi à Andernos-les-Bains !
C’est pourquoi nous soutenons le principe d’une fiscalité plus redistributive et d’une CSG plus progressive.