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Délégation Paritaire Permanente : l’UNSA sur le banc de touche ?
mardi 11 mars 2025
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Le « conclave » sur les retraites est devenu d’abord « conférence sociale sur les retraites », pour être désormais dénommé officiellement « Délégation Paritaire Permanente ». Au passage, une concession notoire à la demande du Medef a été consentie par le gouvernement : la limitation des participants aux cinq organisations syndicales de salariés représentatives du privé.
Comme si la réforme des retraites ne concernait que les retraités du régime général.
Comme si les fonctionnaires des trois fonctions publiques n’étaient en rien concernés par le sujet des retraites et l’âge de départ. Comme si les règles régissant les revalorisations des pensions, les âges d’ouverture des droits, l’âge limite… n’étaient pas communes à l’Assurance Retraite et aux régimes alignés.
Donc l’UNSA se retrouve reléguée sur le banc de touche et invitée à la négociation uniquement sur certains points.
De quoi va-t-on parler dans la négociation ouverte par cette Délégation Paritaire Permanente ?
• Des âges de la retraite. Un sujet qui semble-t-il ne concerne nullement les fonctionnaires !
• De la prise en compte de l’usure professionnelle. Sans doute le fantôme de Guillaume Kasbarian, cet éphémère ministre de la Fonction Publique, plane-t-il sur la DDP, induisant le principe que les fonctionnaires sont par essences des fainéants, et donc, par postulat, protégés de l’usure professionnelle.
• Des mécanismes de solidarité, égalité salariale hommes-femmes, droits conjugaux et majorations pour enfants. Sujets qui à l’évidence ne concernent pas les fonctionnaires, réputés tous célibataires et sans enfants !
• Du financement et du pilotage des retraites. On relèvera que ces sujets sont largement traités au sein du Conseil d’Orientation des Retraites où l’UNSA est représentée, parce que représentative dans la Fonction Publique.
Sur quoi cela va-t-il déboucher ?
Les réunions se tiendront à rythme hebdomadaire sous le format traditionnel des négociations nationales interprofessionnelles, mais sans FO qui a claqué la porte. Chacun des sujets évoqués plus haut fera l’objet de deux réunions.
Elles devraient conduire à un relevé d’échanges actant les accords généraux ou partiels.
Ces conclusions devraient être transmises au gouvernement et au parlement fin juin.
On peut craindre qu’en cas de désaccord, rien de significatif ne puisse faire bouger les lignes dans l’intérêt des salariés.
Comment associer les syndicats tenus à l’écart de la négociation ?
Jean-Jacques Marettes, ancien directeur général de l’AGIRC-ARRCO, chargé de coordonner cette concertation est bien conscient des manques et se propose de consulter régulièrement l’UNSA et la FNSEA, mais aussi d’associer la FSU et Solidaires à ces travaux. Selon quelles modalités, avec quelle capacité de peser sur les conclusions ? On ne sait pas, mais on peut s’inquiéter de cette mise à l’écart d’organisations qui, sans être représentatives dans le privé, comptent dans le paysage syndical…
L’avis de l’UNSA :
Dans un contexte où notre pays a plus que jamais besoin de stabilité, il est pour l’UNSA indispensable de sortir par le haut de cette réforme des retraites qui depuis deux ans dégrade le climat social et affecte la société française dans son ensemble. Cela nécessite un dialogue constructif et la recherche d’une solution qui tienne compte à la fois des enjeux sociaux et économiques tout en garantissant une justice intergénérationnelle.
Mais, en saucissonnant les concertations et en excluant l’UNSA d’une partie des discussions, laquelle souhaite parvenir à un accord juste et équilibré, on réduit ainsi la perspective d’un compromis global et profitable à l’ensemble de la population.