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Rapport du COR 2025 : un déficit du système des retraites sous contrôle

jeudi 12 juin 2025

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L’édition du rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a été adoptée le 11 juin et rendue publique le 12 juin. Après la fuite organisée par son président Gilbert Cette, on y voit désormais plus clair dans les conclusions du COR au regard de la situation de notre système des retraites. La situation est nettement moins catastrophique que ce que l’on veut nous faire croire.

Un système menacé de faillite ? Pas vraiment...
Les dépenses brutes consacrées au financement des retraites s’élèvent à 406,9 milliards d’euros, ce qui correspond à 13,9% du PIB, proportion en baisse par rapport aux exercices antérieurs. Ces dépenses correspondent à 24% du budget de l’État.
Si l’on retranche la participation des retraités au financement des retraites (CSG, CRDS, CASA...), la dépense nette pour les retraites se limite à 378 milliards d’euros, soit 12,9% du PIB.
En 2024, les comptes du système des retraites présentaient un déficit de 1,7 milliard, soit 0.41% du budget total des retraites.
En 2025, ce déficit devrait augmenter pour atteindre 5 milliards d’euros, ce qui correspondrait à 1,23% des sommes consacrées au financement des retraites.
Par ailleurs les différentes caisses de retraite disposaient en 2024 de 213,8 milliards d’euros de réserves financières et le Fonds de Réserves des Retraites de 20,4 milliards d’euros de provisions. On le voit, le déficit du système des retraites reste largement sous contrôle.

Une réforme inutile
Les chiffres fournis par le COR le montrent, l’impérative nécessite de la réforme de 2023 reste à démontrer.
D’autant que « Selon une première estimation du COR, la réforme de 2023 contribuerait à faire baisser la part des dépenses de retraite de 0,2 point de PIB en 2030 mais les augmenterait à l’inverse de 0,2 point de PIB en 2070. La progression de la pension moyenne viendrait alors plus que contrebalancer le recul de l’âge moyen de départ à la retraite. »
Gribouille qui se jette à l’eau pour échapper à l’averse, ou la sapeur Camembert qui creuse un trou pour en boucher un autre, on a le choix des références !

Qu’en est-il du niveau de vie des retraités ?
On nous l’a longtemps seriné, les retraités seraient plus favorisés que les actifs.
Comme les éditions précédentes, la version 2025 du rapport du COR vient battre en brèche cette contre-vérité.
En 2022, la pension de retraite moyenne correspond à 65,4% du revenu d’activité moyen.
Concernant niveau de vie moyen celui des retraités correspond à 97% du revenu moyen de l’ensemble de la population et accuse un écart de 12,5% par rapport à celui des actifs.
Même en créditant les retraités de revenus supplémentaires par affectation des loyers imputés, le niveau de vie (fictif) des retraités reste inférieur de 2,2% à celui des actifs. Et 30% des retraités ne sont pas propriétaires !
Pour ce qui est du revenu disponible, celui des retraités correspond à 78.3% de celui de l’ensemble de la population, quand celui des actifs dépasse de 15,7% le revenu disponible moyen ! Soit un écart de 37% entre actifs et retraités !
Reste le patrimoine. Celui des retraités est supérieur à la moyenne de la population, ce qui est assez logique, au terme d’une vie professionnelle, on a pu constituer un patrimoine, le plus souvent la résidence principale, l’essentiel du patrimoine pour un retraité sur deux.
Les retraités disposent d’un patrimoine moyen de 267 300 euros, supérieur de 22% au patrimoine moyen de l’ensemble des Français (218 300 euros). En gros, 50 000 euros d’assurance vie ou de plan épargne retraite, soit l’équivalent de 18 mois de séjour en EHPAD.

Le niveau des pensions :
En 2023, la pension brute moyenne s’élève à 1670 euros, celle des femmes à 1310 euros, celle des hommes à 2090 euros. Le COR ne nous fournit pas de niveau de pension nette, dommage...
Les pensions de base et des régimes alignés ont progressé moins vite que l’inflation en 2022 et 2023, malgré l’augmentation de 4% de juillet 2022.
Entre 2012 et 2025, la pension d’un retraité non cadre a régressé de 5.5% en euros constants, celle d’un cadre a perdu 9,9% sur la même période.

Tout le monde ne vit pas la même retraite
C’est le constat que nous dressions à partir de notre enquête de l’automne 2024. C’est aussi ce que confirme le COR.
Le niveau de vie médian des retraités se situe à 1994 euros, mais 10% des retraités vivent avec une pension inférieure à 1193 euros, quand le seuil de pauvreté est fixé à 1217 euros.
A l’inverse, 10% des retraités disposent de plus de 3411 euros.
Le rapport entre les 10% les plus pauvres et les 10% les plus riches (rapport interdécile) s’élève à 2,9. Il est de 3,4 pour l’ensemble des Français.
Le taux de pauvreté des retraités s’élève à 10,2%. Il est inférieur à celui de l’ensemble de la population (14,4%) mais il a progressé de 3 points entre 2017 et 2022.
11,5% des femmes retraitées vivent sous le seuil de pauvreté.
Mais ce taux atteint 25.2% chez les femmes retraitées divorcées qui vivent seules, et dont le niveau de vie est inférieur de 27% au niveau de vie moyen des retraités.
Les veuves ont une situation à peine moins défavorable, avec un revenu inférieur de 19% à la moyenne des retraités et un taux de pauvreté qui, à 15,2%, est supérieur à celui de l’ensemble de la population.

En conclusion,
Le rapport du COR atteste que le système des retraites, même s’il affiche un léger déficit reste solide. Il met aussi l’accent sur la dégradation progressive du niveau des pensions, qui devrait s’accentuer à l’avenir, avec un rapport de plus en plus dégradé entre pensions et revenus d’activité. Il souligne aussi la précarité des retraités les plus modestes dont les femmes qui vivent seules.
Ce constat rejoint largement les analyses de l’UNSA Retraités, étayées sur son baromètre UNSA des retraités.
Nous irons plus loin dans une analyse exhaustive du rapport du COR dans les prochaines semaines, mais nous mettons à disposition de nos lecteurs ces premiers éléments d’analyse.

Pour aller plus loin :

Synthèse du rapport du COR 2025

L’analyse de l’UNSA