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Fonctionnaires d’État : Accéder à ses bulletins de pension, un cheminement laborieux

vendredi 10 mars 2023

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Depuis le 1er janvier 2022, les fonctionnaires retraités de l’État ne reçoivent plus de bulletin de pension par voie postale. Accéder à son titre de pension devrait être un droit élémentaire pour tout retraité, adepte ou non des nouvelles technologies. Description d’un itinéraire semé d’embuches, qui en laisse plus d’un sur le côté !

Pour les fonctionnaires d’État, il fut un temps , déjà lointain, où l’on recevait, à chaque évolution de la pension de retraite, un document papier par voie postale qui récapitulait le montant de la pension brute, les différentes retenues, le cas échéant le précompte de la mutuelle. Il était alors facile de suivre la progression de sa pension, de vérifier les montants portés sur sa feuille d’impôts... Le retraité consciencieux archivait son document, et le monde tournait rond...

La numérisation et le prélèvement à la source (PAS pour les amoureux des acronymes) sont passés par là.
Depuis, le retraité lambda se contente de lire sur son relevé de compte sa pension mensuelle nette, sans plus trop savoir quelle est sa pension brute et la retenue fiscale qui lui est appliquée... Une vague impression de dépossession de son destin peut chagriner celle ou celui à qui répugne la confiance aveugle en la toute puissance de la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP, pour les intimes).
L’esprit chagrin, ou le simple curieux, se met en tête d’en savoir plus. Info Retraite, le site officiel qui simplifie la retraite, www.info-retraite.fr, est là pour vous aider, nous assure-t-on.
On est moyennement geek, mais on se lance quand même dans le protocole d’identification, numéro de Sécu, identification par France Connect, tout ça, tout ça. On coche l’index « retraité », on frémit d’impatience en cliquant sur « paiement de ma pension » et on arrive ... au montant net tel qu’il figurait sur le relevé de compte. Rien de plus, rien de moins...

Ça énerve ! et c’est là qu’on se souvient des plus jeunes qui nous ont parlé d’un site magique, lequel dit tout sur les retraites de l’État. ENSAP, ça s’appelle...https://ensap.gouv.fr
La curiosité nous émoustille. Sauf que là aussi, il faut « créer son espace ». Re renseigner son numéro de Sécu (ne pas oublier la clé... pour entrer, c’est plus commode), re s’identifier avec France Connect et là on arrive enfin au Saint Graal : la page où l’on peut charger, au mois le mois, son titre de pension !
On piaffe, on clique... et rien ne se passe ! Rongé d’inquiétude, on va quand même consulter ses téléchargements, l’espace dédié est aussi vide qu’une place publique par temps de confinement COVID.
Retour arrière, on relit tout, on fouine, on peste... et puis tout en bas, on vous indique que votre machine est peut-être bloquée par une sécurité qu’il faut désactiver en acceptant quelque chose... On fait ce que dit M. ENSAP.
Et là, sonnez trompettes, les PDF tant désirés s’affichent. On frémit d’aise et l’on sait tout : sa retraite brute, le montant de sa CSG, celle qu’est déductible et celle qui l’est pas, la CRDS, la CASA, les impôts, la mutuelle.
Après cet effeuillage social, fiscal et mutualiste, vous retrouvez dans son plus simple appareil, le montant nu, pardon net, de votre pension.
Un sentiment de satisfaction vous étreint, mêlé d’une indicible fierté.
ENSAP, l’Espace Numérique Sécurisé des Agents Publics vient de vous ouvrir ses portes. Tel un Ali Baba numérique, vous voilà introduit dans cet espace mystérieux !

Bon... et si vous n’avez pas d’ordinateur, ou si l’usage de ces machines vous révulse ?
Ben rien... Si votre petite fille est sympa, elle peut faire pour vous, mais ça sent le début de la perte d’autonomie.
Vous vous dites : « Quand même envoyer une feuille de papier par la poste, c’est pas le bout du monde ! »
Malheureux, vous n’y pensez pas ! Le timbre rouge vient de trépasser, la tournée du facteur, ce sera bientôt tous les deux jours, on est passé à l’e-lettre... Ah ! c’est vrai, vous dites que vous n’avez pas d’ordinateur... Ben, il reste la dame de la maison France Service ! Avec elle aussi, vous vous sentez un peu en perte d’autonomie...

Le progrès, la numérisation, c’est sympa, mais ça a quand même un petit côté désagréable, du genre qui vous pousserait vers la porte de l’Ehpad à grands coups de pieds dans le fondement !