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Gare aux Caddies !

vendredi 19 avril 2024

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Commençons par un constat largement partagé : faire ses courses coûte de plus en plus cher, alors que, dans le même temps, le contenu du caddie s’amenuise. Et cette évolution néfaste n’est pas imputable à d’hypothétiques erreurs de caissières, mais bien à une énième stratégie de la chaîne de distribution.

Notre regretté ticket de caisse
Désormais, et sous couvert de démarche vertueuse, le ticket de caisse n’est édité que si nous osons le demander : ainsi, il nous faut aujourd’hui oser affronter la réprobation bien-pensante quasi-générale pour obtenir la simple facture des achats que l’on vient de réaliser ! Toute honte bue, nous pouvons exagérer jusqu’à quémander le ticket de carte bancaire afin de pouvoir tenir nos comptes…
Il faut pourtant disposer de ces éléments pour réaliser combien l’inflation est bien présente, quand le gouvernement la minimise dès qu’on leur demande de réajuster les retraites en conséquence.
Sans surprise, les aliments essentiels sont les plus touchés : les viandes, les poissons, les fromages, les fruits et légumes frais, sans oublier les filières de qualité (bio et labels). Comment ne pas imaginer qu’il y a erreur ou que les chiffres sont truqués à la lecture de la facturette de carte bancaire ? En clair, l’augmentation des prix alimentaires est en moyenne de l’ordre de 7 % sur l’année écoulée : quant aux pensions…

Très chère mobilité
Pour le passage à la station-service, c’est encore pire : un véritable flou artistique !
Le prix du carburant fluctue (à la hausse, plus souvent qu’à la baisse), au gré du cours du pétrole nous dit-on, mais il est bien difficile de trouver une corrélation entre celui-ci et le produit fini, délivré à la pompe. La moindre tension internationale, le moindre frémissement dans un pays du golfe, quelques pirates turbulents en mer rouge, renchérissant les assurances ou qui contrarient le passage par le Canal de Suez de méthaniers qui doivent alors dévier leur trajet en contournant la corne de l’Afrique… et voilà notre portefeuille d’automobiliste à nouveau ponctionné !
Et nous sommes tellement addicts à ce produit que nous surveillons le troisième chiffre après la virgule qui est apparu ces dernières années… Impensable, pensez-vous ? Mais vous ne souririez pas au ridicule de la situation si vous viviez en zone rurale, où le véhicule est indispensable et a fortiori s’il en faut deux dans le foyer, sur la route quotidiennement, notamment si les ados de la famille sont scolarisés et ont l’audace de pratiquer des activités sportives ou culturelles…

Gestes vertueux à rédécouvrir
Pour réduire le poids budgétaire du caddie nous pouvons toujours recourir aux « produits distributeurs » a priori de qualité équivalente, mais dont le marketing édulcoré impacte moins le prix. Nous pouvons également quantifier les besoins essentiels du foyer, commencer par une inspection méthodique de notre réfrigérateur et de nos placards pour éviter des achats redondants ou le dépassement des dates de péremption.
On nous conseille également de redécouvrir l’ancien comportement économique et bien pratique, affublé de l’anglicisme « batch cooking », qui consiste à anticiper les repas de la semaine en les préparant le week-end… Et si l’on peut associer le conjoint et les ados au choix des menus et à leur préparation, c’est gagné ! Outre l’aspect divertissant de collaborer à un objectif familial bien concret, chacun devient ainsi partie prenante de l’affaire et contribue non seulement à la maîtrise du budget associé mais également aux choix alimentaires cruciaux pour la santé. Cette méthode a l’autre énorme avantage d’alléger radicalement la charge mentale du membre du foyer chargé d’apporter quotidiennement une réponse au fatidique : « Qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »

Révolte des gueux
Si le consommateur est parfois confiné dans un rôle de victime dont il ne peut que rarement s’émanciper, comme lorsqu’il doit subir l’évolution des prix de carburants, dans bien d’autres actes de consommation il demeure maître du jeu, mais l’oublie trop souvent.
Il lui faut ainsi se référer au prix du kilo et consulter attentivement la liste des ingrédients, puis bouder systématiquement les marques qui auraient tendance à le prendre pour un pigeon. Mais il doit également abandonner son attitude de consommateur compulsif réagissant à chaque réclame chatoyante ou aguicheuse, sous couvert d’un modernisme bon ton… Deux exemples (mais ils sont légion), de comportements responsables qui, collectivement, nous ferons passer du statut de consommateurs à celui de consom’acteurs !
Les industriels et acteurs de la grande distribution seront alors tenus de respecter ceux qui les font vivre : les clients. Le pouvoir est entre nos mains, il serait grand temps de le redécouvrir…