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Pénuries de médicaments, ça ne s’arrange pas…

samedi 30 décembre 2023

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En cette période de grippe et de récidive de covid, il est assez courant de s’inquiéter de savoir si la pharmacie domestique contient les boîtes de paracétamol bien utiles pour apaiser fièvres et céphalées.
On sait que ces produits ont été affectés de pénuries et parfois rationnés. Mais plus sérieux des médicaments essentiels au traitement de pathologies graves peuvent se trouver en rupture de stock, mettant en danger la santé des patients.
Et de ce côté-là, ça ne s’arrange pas…

Pénuries
Si en 2017 on comptait 500 ruptures de stock de médicament, cinq ans plus tard, en 2022, on en relevait trois fois plus avec 1605 ruptures de stock constatées et 2 159 déclarations de risques de ruptures.
Selon l’association « Que choisir », 37% des Français ont été confrontés à une pénurie de médicaments en 2023. Dire que le marché du médicament est en tension, c’est souligner une réalité largement avérée !

Quand parle-t-on de rupture d’approvisionnement ?
Selon la loi de Financement d la Sécurité sociale, il y a rupture d’approvisionnement lorsqu’un médicament n’est pas disponible sous 72 h. La tentation est forte du côté du ministère de la santé, de rallonger ce délai pour masquer un peu la gravité des pénuries… Pas vraiment la meilleure des solutions…

Un marché désorganisé
Face aux pénuries, certaines officines s’approvisionnent directement auprès des industriels et court-circuitent le cursus normal d’approvisionnement via les grossistes répartiteurs. On peut supposer que ce sont les plus grosses pharmacies qui tirent leur épingle du jeu, à ce genre de pratiques.
La réponse du ministre de la santé du moment, Aurélien Rousseau, face à ces dérives, s’est limitée à réunir les professionnels de la filière du médicament qui ont adopté une charte « pour un accès équitable des patients aux médicaments ». Soit Sanofi au pays des bisounours…
Les grossistes-répartiteurs sont gentiment invités à assurer une répartition équitable des stocks dans les pharmacies sur l’ensemble du territoire national, et les pharmaciens sont priés de faire des commandes n’excédant pas de façon déraisonnable le besoin de leur patientèle.
On sait aussi que l’on peut délivrer les antibiotiques à l’unité.

Plus sérieusement, dans ce contexte de tension et de pénurie, il serait indispensable que l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) soit investie de pouvoirs étendus pour réguler le marché et sécuriser les approvisionnements. Il serait bien utile aussi de relocaliser sur le territoire national, ou au moins en Europe, l’industrie pharmaceutique pour la rendre moins vulnérable aux aléas internationaux.