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Retraités du régime général : la punition !
jeudi 18 décembre 2025
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Les retraités du régime général, s’ils vont bien voir leur pension de base de janvier 2026 revalorisée de 0,9%, vont subir une régression sensible de leur pouvoir d’achat, par rapport à l’évolution des prix, et plus encore par rapport aux salaires des actifs. Explications.
Une évolution des pensions de base très modérée
La pension de base moyenne 2025 s’élevait à 885 €. L’application de l’augmentation légale de 0,9% va la faire progresser de 8 € par mois pour un montant qui devrait atteindre 893 €.
Pour les hommes, la pension moyenne, de 1000 € en 2025, passera à 1009 €, soit un gain de 9 €.
Pour les femmes, c’est sans surprise, pire. La pension moyenne, estimée à 795 € en 2025, augmentera de 7 € pour atteindre 805 €.
Le gel des pensions du régime complémentaire
Certes, la pension de base ne constitue qu’une partie de la pension totale. Celle-ci est complétée par la pension du régime complémentaire obligatoire, l’AGIRC-ARRCO, gérée par les partenaires sociaux. Elle est traditionnellement revalorisée au 1er novembre, dans le cadre d’une négociation entre organisations patronales et organisations syndicales représentatives dans le privé. N’ayant pas encore atteint le seuil de représentativité de 8% dans le secteur privé, l’UNSA ne prend pas part à ces négociations.
Le principe de revalorisation des pensions AGIRC ARRCO est le suivant : la revalorisation calée sur l’inflation est pondérée par un paramètre prudentiel de moins 0,4 point. En novembre 2025, l’inflation était mesurée à 1%, la base de négociation s’opérait donc à 0,6%. Le Medef s’est arc-bouté sur une pondération de ce paramètre prudentiel en proposant une revalorisation à 0,2%. Cette obstination a conduit à une absence d’accord et donc une absence de revalorisation du point de retraite servi aux 14.7 millions de bénéficiaires du régime obligatoire. Et pourtant, ce régime dispose de réserves estimées à 86.5 milliards d’euros.
Les conséquences pour les retraités du régime général
Une partie de la pension revalorisée et l’autre gelée, cela entraîne une sous-revalorisation, estimée à 0.5% de la pension totale pour un non cadre, et une perte plus importante encore pour un cadre, dont la retraite complémentaire constitue la part la plus importante de la retraite globale.
Et cela alors que la progression du salaire moyen est estimée pour 2026 à 2,1%.
Les retraités du régime général vont donc subir une perte de pouvoir d’achat significative, de l’ordre d’au moins 1,5% par rapport aux salaires des actifs, mais aussi par rapport à l’évolution des prix, de l’ordre d’au moins 0,4%.
Au 1er janvier 2026, le SMIC devrait augmenter de 1,18% et atteindre 1443 € net pour 35 heures. Cette revalorisation est certes insuffisante, mais cette évolution va rapprocher significativement le montant de la pension moyenne du niveau du SMIC, particulièrement pour les nouveaux retraités.
Et la situation des femmes est encore plus critique puisque pour elles, la pension moyenne se situe déjà largement en dessous du SMIC, et à peine au-dessus du seuil de pauvreté.
Une confiscation des réserves du régime complémentaire
Les actuels retraités du régime général ont cotisé toute leur vie active à l’AGIRC ou à l’ARRCO. Alors que les réserves de ce régime obligatoire sont largement suffisantes pour en assurer la pérennité, refuser aux retraités le simple maintien de leur pouvoir d’achat consiste à les priver du fruit de leurs cotisations passées.
Le MEDEF a manifesté, lors des négociations ouvertes en janvier 2025 sur le système des retraites, son intention de voir les partenaires sociaux gérer l’intégralité du régime des retraites du privé, base et complémentaires. Avec de telles pratiques et un tel esprit d’ouverture à la négociation, il est d’avance disqualifié pour qu’on lui concède ce rôle. Les parlementaires ayant voté le PLFSS, avec toutes ses insuffisances, en respectant l’esprit et la lettre du Code de la Sécurité sociale, se sont finalement montrés beaucoup plus attentifs à la situation des retraités, dont une bonne partie sont confrontés à des précarités multiples.
