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L’ASPA, ultime filet de sécurité pour préserver les personnes âgées de la précarité.

jeudi 20 novembre 2025

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L’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées (ASPA) qui garantit un minimum de revenus aux retraités est un dispositif méconnu, objet de fantasmes et de désinformation. La plus courante, « ils sont plusieurs centaines de milliers à n’avoir jamais travaillé et à « toucher » plus de 1000 euros par mois ».
Retour à la réalité des faits

L’ASPA, pourquoi on en parle ?
A l’occasion d’une réunion avec les militants du Syndicat des enseignants investis dans le champ des retraites et des retraités, est apparue la nécessité d’apporter des informations sur l’ASPA.

Qu’est-ce que l’ASPA ?
C’est une allocation différentielle qui vient compléter les pensions de retraites pour garantir un revenu de 1605,73 € pour un couple de retraités et 1034,28 € pour une personne seule.
Par exemple, une personne vivant seule et percevant 700 € de pension peut prétendre à un montant d’ASPA de 334,28 €.

Quelles sont les conditions pour bénéficier de l’ASPA ?
Les conditions de ressources :
Les bénéficiaires ne doivent pas disposer de plus de 1034.28 € de revenus pour une personne seule et de 1605,73 euros de revenus pour un couple.
Sont considérés comme revenus : les revenus du travail, les pensions alimentaires, les pensions de retraite, les revenus immobiliers et les biens ayant fait l’objet de donation. (Si on dispose d’un patrimoine important que l’on cède à ses héritiers, on crée de façon artificielle son éligibilité à l’ASPA).
Ne sont pas pris en compte comme revenus l’Aide personnalisée au logement, l’Aide personnalisée à l’autonomie, l’Allocation de logement sociale, la majoration pour tierce personne des personnes en situation d’invalidité, les aides financières apportées par les descendants…

Les conditions d’âge
Le bénéficiaire doit être âgé de plus de 65 ans ; ou 62 ans s’il est reconnu inapte au travail ou atteint d’une incapacité permanente d’au moins 50 %.

Les conditions de résidence et de nationalité
Que le bénéficiaire soit Français ou de nationalité étrangère, il doit avoir son foyer permanent en France ou résider au moins neuf mois sur le territoire national.

La récupération sur succession
L’ASPA peut être récupérée après le décès de la personne qui en a bénéficié, uniquement si l’actif net de la succession (montant de la succession déduction faite des dettes et des frais, comme les impôts, les loyers et les obsèques à payer) est au moins égal à :
107 616 € en métropole.
150 000 € en Guyane, Guadeloupe, Martinique, Réunion.
Si l’actif net de la succession est inférieur à ces montants, il n’y a pas de récupération.
(Avant la réévaluation de ces montants en 2023, la récupération sur succession intervenait sur la part de l’avoir successoral supérieure à 39 000 euros).

Combien de bénéficiaires de l’ASPA ?
En 2023, on comptait 606 630 bénéficiaires de l’ASPA et 116 390 allocataires de l’Allocation Spéciale Vieillesse (ancien dispositif de solidarité) soit un total de 723 020 bénéficiaires du minimum vieillesse.
Les allocataires de l’ASPA recevaient en moyenne 499 € d’allocation.
65 430 personnes qui ne percevaient aucune pension relevaient du Service de l’allocation solidarité aux personnes âgées (SASPA) et n’avaient d’autre revenu que l’ASPA. Le profil de ces personnes est atypique. Elles représentaient seulement 9% des bénéficiaires du minimum vieillesse et 0,4% de l’ensemble des retraités de droit direct.
(Source : Panorama Retraités et retraites DREES août 2025)

Le non recours à l’ASPA
L’attribution de l’ASPA n’est pas automatique et se demande auprès de la caisse de retraite. Le non-recours à l’ASPA est massif, certaines études l’estiment à 50% des bénéficiaires potentiels.
Une étude menée par l’Assurance vieillesse en 2021 montrait que parmi les causes de non-recours, arrivait en tête la méconnaissance du dispositif, suivie de la crainte du recours sur succession, puis de conditions non remplies pour en bénéficier.

En conclusion
A l’heure où l’on décrit notre système de protection sociale comme trop généreux, il convient de pondérer cette appréciation quand on se penche sur cet ultime filet de sécurité contre la grande précarité que constitue le minimum vieillesse.
Son niveau actuel, même si le montant de l’ASPA a beaucoup progressé sur les 20 dernières années, est inférieur de 20% au seuil de pauvreté.
Le non-recours à ce dispositif de solidarité est massif.
Le nombre de bénéficiaires de l’ASPA n’ayant jamais cotisé est marginal.
Le montant moyen de l’allocation différentielle perçue par les bénéficiaires est inférieur à 500 €.
Et si le plafond de l’ASPA peut paraître trop élevé pour des retraités qui n’y sont pas éligibles, ce n’est pas le montant de l’ASPA qui est trop élevé, c’est le montant du Minimum Contributif qui est trop faible !