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Vers une politique d’austérité ?
mercredi 25 septembre 2024
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Avant de quitter définitivement son poste Bruno Le Maire, locataire de Bercy pendant sept ans, a laissé une ardoise faramineuse à la nation : un déficit public estimé désormais à 5.6% du Produit Intérieur Brut, et l’urgence de réaliser 30 milliards d’économies pour rendre ce déficit acceptable par la Commission européenne. On avait d’abord annoncé 10 milliards, puis 20 milliards d’économies nécessaires et maintenant 30 milliards. On relèvera l’incapacité du gouvernement sortant à établir des prévisions économiques fiables. On notera également l’inélégance qui consiste à renvoyer vers les collectivités territoriales la responsabilité du déficit public…
Quelles sont les causes de ce déficit ?
Les plus immédiates sont liées au bouclier tarifaire mis en place pour protéger les Français lors de la crise inflationniste. L’emballement des prix de l’énergie exigeait des mesures pour protéger les plus fragiles. Le bouclier tarifaire non ciblé a certes joué son rôle protecteur, mais il a aussi fonctionné comme effet d’aubaine, pour les plus favorisés qui en ont également profité. Autres causes plus structurelles du déficit, la politique fiscale engagée depuis 2017 avec la réduction de la fiscalité sur le capital, des impôts de production, la suppression de l’ISF et de la taxe d’habitation. Ces mesures ont surtout profité aux plus riches de nos concitoyens et creusé, en même temps, les inégalités et le déficit public.
Ajoutons les exonérations des cotisations sociales pour les entreprises, largement compensées par le budget de l’État, qui atteignent des niveaux impressionnants. Ces exonérations non ciblées, ont une incidence parfois nulle sur la productivité et l’emploi, de l’aveu même de certains élus macronistes.
Par ailleurs la règle, définie comme intangible par le Président de la République, de refuser d’augmenter les impôts nous a conduit dans le mur !
Des pistes d’économie qui mineraient le service public et la solidarité nationale
Pour les économistes et les politiciens adeptes de l’ordo-libéralisme, dont notre nouveau premier ministre, les solutions les plus immédiates consistent à vouloir réduire le train de vie de l’État, c’est-à-dire les dépenses liées aux services publics. L’exercice paraît d’autant plus délicat que les recettes classiques, suppression de postes, gel du point d’indice, recours massif aux personnels non statutaires ont déjà été largement mobilisées. Avec le succès que l’on connaît, service de santé publique à bout de souffle, Education nationale en difficulté chronique, prisons surpeuplées et agents pénitentiaires à bout…
Il faudra nous expliquer vers quoi l’on va s’orienter pour faire des économies.
Autres pistes, la réduction des aides sociales. Là aussi, bien des pistes ont déjà été explorées : réduction des allocations logement, franchise sur les médicaments et certaines prestations de santé, réduction des allocations chômage… Si on poursuit dans cette direction il y a fort à craindre que les files s’allongent devant les restos du cœur et autres épiceries sociales.
Enfin nous entendons ressurgir ici où là, la petite musique qui consiste à présenter les retraités comme des privilégiés qu’il conviendrait de mettre à contribution pour rétablir les finances publiques. L’argument choc, les retraités français vivent mieux que la plupart de leurs homologues européens. Ce qui est exact, mais nous considérons que le progrès social consiste à s’aligner vers le haut plutôt que vers le bas… C’est vrai, 10% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté, soit 1.7 millions de personne. On pourrait souhaiter, et certains le proposent de façon intuitive lorsqu’ils parlent de désindexer les pensions sur l’inflation, par souci d’égalité, que le taux de retraités sous le seuil de pauvreté soit aligné sur la moyenne nationale. Cela ferait 2.5 millions de retraités pauvres ! Ce n’est pas notre approche du progrès social, nous souhaitons au contraire, à l’UNSA Retraités, qu’aucun retraité ne soit contraint de finir son existence avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté.
Lors du débat sur le Projet de loi de Financement de la Sécurité sociale, risquent de surgir des propositions pour une désindexation partielle ou totale des pensions par rapport à l’évolution de l’indice des prix. Autre idée qui pourrait être reprise, le gel des pensions des fonctionnaires, au motif qu’elles pèsent trop sur le budget de L’État, ou que la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales accuserait un déficit trop lourd.
Les risques inhérents à une politique d’austérité trop brutale
La prévision de croissance du Produit Intérieur Brut est limitée à 1.1% pour 2025. Si des mesures d’austérité sont engagées de façon trop brutale et trop massive, cela risque d’entraîner une régression de la consommation, donc une baisse des rentrées fiscales liées à la TVA, une chute des commandes dans les entreprises. A moyen terme, il faut craindre des destructions massives d’emploi et le risque d’une récession.
Financer la réduction de la dette par des économies sur les services publics et les prestations sociales conduirait à faire financer cet effort par les classes moyennes et les catégories modestes qui sont les grands bénéficiaires des services publics et de l’aide sociale. Cette politique épargnerait les plus favorisés et aggraverait les inégalités.
Pour l’UNSA, comme pour l’UNSA Retraités, si la situation budgétaire exige que des mesures soient prises, cela ne doit pas se faire seulement sous l’angle des dépenses publiques.
D’autres pistes sont possibles :
Pour l’UNSA, comme pour l’UNSA Retraités les aides aux entreprises, qu’il s’agisse d’aides à l’emploi ou d’exonérations de cotisations doivent être mieux ciblées :
• Recentrer les aides à l’apprentissage sur les publics peu qualifiés ;
• Supprimer les exonérations de cotisations sociales au-delà de 2,5 SMIC ;
• Rendre moins avantageux le crédit impôt recherche pour les grandes entreprises ;
Une réforme fiscale s’impose également avec l’augmentation des tranches d’ l’impôt sur le revenu pour une meilleure progressivité, l’alignement de la fiscalité appliquée aux revenus du capital sur la fiscalité appliquée aux salaires et aux pensions, une taxation des grandes fortunes et des superprofits, une révision de la fiscalité sur les successions, avec la suppression ou la réforme des niches sur les droits de succession qui profitent aux plus grosses transmissions.
Préserver la situation sociale des plus précaires :
Les Français, et particulièrement les travailleurs de ce pays, ont été malmenés depuis 7 ans. Les corps intermédiaires qui les représentent, dont les syndicats, ont été ignorés. Les attentes qu’ils ont exprimées par les urnes n’ont pas été considérées. Le nouveau premier ministre, Michel Barnier, veut renouer avec le dialogue social et des mettre à l’écoute des Français, c’est un signe positif, et peut-être le retour à plus de démocratie sociale.
Dans un contexte budgétaire tendu, à la veille des arbitrages que devront rendre les parlementaires, rappelons les attentes de l’UNSA, que nous faisons nôtres à l’UNSA Retraités :
Si un ajustement budgétaire est nécessaire, il doit s’opérer en douceur. La réduction des dépenses publiques ne doit pas dégrader la situation sociale des travailleurs et des ménages les plus précaires.