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Baromètre de l’isolement des personnes âgées des Petits Frères des Pauvres
dimanche 19 octobre 2025
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A la différence de notre baromètre UNSA-Retraités celui des Petits Frères des Pauvres « Solitude et Isolement quand on a plus de 60 ans en France en 2025 » ne se concentre que sur l’aspect de l’isolement mais les données qu’il recèle sont alarmantes.
Ce 3ᵉ Baromètre des Petits Frères des Pauvres révèle en 10 chiffres clés une réalité qui devrait interroger : l’isolement extrême des personnes âgées a bondi de +150 % en moins de dix ans. Aujourd’hui, 750 000 aînés vivent en situation de mort sociale, privés de tout lien humain. Une situation qui pourrait concerner un million de personnes âgées d’ici 2030.
Une France qui vieillit… et qui isole
Toutes les statistiques montrent que la France compte de plus en plus de personnes âgées. Mais avec l’âge, les cercles relationnels s’effritent et, pour certains, disparaissent totalement. Derrière les chiffres, ce sont des vies marquées par le silence, l’absence de visites et le sentiment d’être oublié.
Ainsi la télévision devient souvent l’unique compagnon du quotidien L’isolement extrême n’est plus une exception : il devient un phénomène de société. Il est urgent à tous les niveaux.
Des chiffres :
• 750 000 personnes âgées sont en « mort sociale », sans aucun contact avec qui que ce soit. C’est l’équivalent d’une ville comme Marseille.
• 1,1 million n’ont aucun lien amical, même à distance.
• 1,5 million ne voient jamais ou presque jamais leurs enfants ou petits-enfants.
• 2 millions sont coupées de leur famille et de leurs amis.
• 2,5 millions se sentent seules tous les jours ou presque.
• 2,7 millions n’ont aucun contact avec leurs voisins au-delà d’un simple « bonjour ».
• 4,2 millions pour eux, ce sentiment de solitude dure depuis plusieurs années.
• 5 millions au moins, restent à l’écart du numérique, sans jamais utiliser Internet.
• 5,7 millions n’ont personne à qui confier leurs émotions intimes.
• 9 millions ne sortent pas de chez elles quotidiennement
Au-delà de ces chiffres d’autres constats :
Les habitants des petites communes, souvent rurales, sont plus touchés par la sédentarité et l’isolement que ceux des grandes villes ce qui casse l’image trop souvent véhiculée de l’anonymat des villes où personne ne s’occupe de l’autre et des campagnes où tout le monde se connait (mais sans se préoccuper de l’autre peut-être).
• Ainsi 9% des 60 ans et plus qui vivent v dans des communes de moins de 2 000 habitants ne sortent jamais ou moins d’une fois par semaine.
• Près de 6 sur 10 ne sortent pas tous les jours, contre seulement 3 sur 10 en agglomération parisienne.
L’explication principale est claire et simple :
La disparition progressive des commerces de proximité : En 2021, 62% des communes rurales ne disposaient plus d’aucun commerce. Ce recul, au-delà de l’impact économique, prive les habitants, notamment les plus âgés, de lieux de vie et de lien social.
Certes l’isolement ne peut pas se régler uniquement par une loi, mais il peut se combattre localement.
Les municipalités, de par leur proximité et leur capacité d’action, sont le premier maillon de la chaîne.
Leurs compétences en matière d’action sociale, d’aménagement ou de transport leur donnent une responsabilité directe.
- Repérer les fragilités : mieux utiliser les fichiers « Canicule », expérimenter des grilles d’évaluation de l’autonomie ou construire des programmes innovants pour prévenir les situations d’isolement
Mise en place d’actions simples mais décisives : visites à domicile, recensement régulier des besoins, mobilisation des bénévoles - Créer des espaces de convivialité : certaines communes ont ouvert un bistrot au sein d’un EHPAD ou imaginé des lieux de rencontre intergénérationnels.
Comme le dit Élodie Bacoup, de l’UNCCAS (Union nationale des centres communaux d’action sociale) :« Sans le service public de proximité, ce sont les plus fragiles, et parmi eux les personnes âgées, qui paient le prix fort d’un lien social profondément abîmé. »
Ne pas avoir de famille, d’amis, de voisins ou même une oreille attentive, c’est perdre les repères essentiels qui donnent du sens au quotidien.
Gageons que notre 2è Baromètre UNSA des Retraités viendra, par son champ de questionnement plus large, compléter le panorama des conditions de vie, priorités de ces retraité-e-s bien souvent oubliés, discriminés et qui vont faire les frais de la politique néfaste d’austérité présentée par S. Lecornu et combattue par l’UNSA et l’UNSA Retraités.