Accueil > Actualité > Budget 2026, quel impact pour les retraités ?
Budget 2026, quel impact pour les retraités ?
lundi 21 juillet 2025
◷ Lecture 5 min
Dans les annonces du Premier Ministre sur le projet de budget 2026, deux mesures engendreraient une baisse significative sur le pouvoir d’achat des retraités : « l’année blanche » et le remplacement de l’abattement fiscal de 10% par un abattement forfaitaire de 2000 €. Le flou entretenu sur les conditions d’application de ces mesures ne permet pas, pour le moment, d’estimer précisément cette baisse.
Ce que l’on sait :
« L’année blanche » implique quatre mesures qui auraient un effet négatif sur le pouvoir d’achat des retraités, en fonction du niveau de l’inflation en 2025 :
– Le gel de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA). Si elle est appliquée, ce serait assurément la mesure la plus injuste, touchant les retraités les plus modestes.
– Le gel des pensions de retraites. Les retraites complémentaires dont la revalorisation est décidée par les partenaires sociaux ne sont pas concernées.
– Le gel du barème de l’impôt sur le revenu : les impôts de 2026 seront calculés sur les revenus de 2025. Avec une hausse de 2,2 % des pensions et de 1,6 % de la retraite complémentaire Agirc-Arrco, les impôts augmenteraient mécaniquement.
– Le gel du barème de la CSG : avec la hausse des pensions et des retraites complémentaires en 2025, les retraités qui sont proches de la limite haute d’une tranche pourraient passer du taux réduit de 3,8 % au taux médian de 6,6 % ou du taux médian au taux normal de 8,3 %. Toutefois, il faut dépasser le revenu fiscal de référence en limite de tranche deux années consécutives, pour que le taux de la tranche supérieure soit appliqué.
L’abattement fiscal de 10% sur les pensions et retraites est plafonné à 4399 € par foyer fiscal. Il serait remplacé par un abattement forfaitaire de 2000 €. Ce changement aurait deux impacts potentiels :
– Une hausse supplémentaire des impôts pour les foyers fiscaux dont les pensions de retraite dépassent 20 000 € par an ou 40 000 € par an selon la composition du foyer fiscal et les conditions d’application de la mesure.
– Une hausse du revenu fiscal de référence pour les mêmes foyers fiscaux, qui viendrait renforcer l’effet du gel du barème sur la CSG.
L’abattement forfaitaire pourrait atténuer l’impact de l’année blanche pour les retraités qui sont faiblement imposés, mais cette atténuation serait minime. Elle ne vise qu’à donner une apparence de justice sociale. Les retraités non imposables, qui ont des petites retraites, subiraient en totalité le gel des pensions.
Ce que l’on ne connait pas encore
– Si les mesures annoncées sont appliquées, Le niveau d’inflation de 2025 sera l’indicateur déterminant de la perte de pouvoir d’achat des retraités. Les responsables politiques et les media communiquent aujourd’hui sur un niveau d’inflation proche de 1%. Mais l’inflation peut rapidement évoluer avec les incertitudes économiques (bataille des droits de douane) et les conflits au Proche Orient et en Ukraine qui pourraient provoquer une hausse rapide des prix du carburant, du gaz et de l’électricité (dont les prix en Europe dépendent de ceux du gaz).
– Pour ce qui concerne l’abattement forfaitaire de 2000 € , le choix d’une individualisation du forfait est sous-entendu dans les propos du ministre des finances. S’il était confirmé, il entraînerait un alourdissement sensible de la fiscalité des retraités vivant seuls, veufs, divorcés, célibataires, et une forte disparité avec les couples de retraités disposant de revenus comparables.
L’avis de l’UNSA Retraités
Les mesures annoncées en direction des retraités ne ciblent que les revenus liés aux pensions de retraite. Les revenus financiers et les revenus du patrimoine immobilier sont largement épargnés.
Nous considérons que ce projet de budget est pire que le projet du gouvernement Barnier censuré en décembre 2024.
Les budgets de l’État et de la Sécurité sociale seront examinés au Parlement à l’automne, en commission mixte paritaire, puis par l’Assemblée Nationale. Les parlementaires qui nous soutiennent ne manqueront pas de déposer des amendements au projet de loi de finances et au projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, pour maintenir l’abattement de 10% et la revalorisation annuelle des retraites.
Si les mesures proposées par le Premier Ministre étaient finalement inscrites dans la loi, ce serait probablement après utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, dans l’hypothèse ou les motions de censure seraient rejetées.
La situation de crise budgétaire que nous connaissons, et à laquelle le gouvernement tente de répondre, ne provient pas d’un excès de dépenses, mais d’un manque de recettes, résultant essentiellement des cadeaux fiscaux consentis aux plus favorisés.
Pour l’UNSA Retraités, la restauration des comptes publics passe notamment par une profonde réforme de la fiscalité,
– avec un impôt sur le revenu plus progressif, et la création de tranches supplémentaires mettant davantage à contribution les plus favorisés,
– avec une taxation des revenus des dividendes selon le même barème que les revenus du travail,
– avec des mesures pour limiter les pratiques d’optimisation fiscale et une lutte déterminée contre le travail dissimulé et les pratiques d’évasion fiscale,
– avec une fiscalité des successions mettant à contribution les hauts patrimoines, limitant le niveau et la fréquence des abattements, d’une part, et la révision des barèmes d’imposition dans le sens d’une meilleure progressivité d’autre part.
Signez et partagez la pétition nationale intersyndicale contre cette vision d’un budget 2026 injuste et déséquilibré.
Signez et à partagez autour de vous notre pétition contre la suppression de l’abattement de 10% sur les pensions et retraites.