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Changer de cap, vite !

vendredi 26 septembre 2025

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Les pistes présentées par François Bayrou pour établir le budget 2026, avec un plan d’économies de 44 milliards supporté presque exclusivement par les salariés, les retraités, les chômeurs, les bénéficiaires de prestations sociales, voire par les malades, ont servi de déclencheur. Les Français refusent cette politique d’austérité qui vise les plus fragiles et épargne les plus favorisés.

Très majoritairement, les Français qui avaient massivement rejeté la réforme Borne en 2023, sont aussi nombreux à rejeter le doublement des franchises médicales, la perspective d’une année blanche entraînant le gel des salaires des fonctionnaires, des prestations sociales et des pensions de retraites.
Ils sont aussi nombreux à réclamer la justice fiscale et la taxation des gros patrimoines.
Ils sont aussi nombreux à demander des comptes quant aux aides attribuées aux entreprises sans réel contrôle de leur utilisation et de leur efficience à préserver l’emploi, à reconstruire l’outil industriel.
Ces aides, qui sont distribuées sans conditions, sans contrôles et sans contreparties, sont payées majoritairement par nos impôts, et particulièrement par le plus injuste d’entre eux, la TVA.
Avant le premier mandat d’Emmanuel Macron, 92 % de la TVA finançaient les services publics. Aujourd’hui, c’est moins de 46 %. Le reste va aux entreprises, et pour partie dans la poche des actionnaires.
Résultat, la France est devenue la championne d’Europe pour le nombre de milliardaires, et dans le même temps 10 millions de Français, dont 2 millions de retraités vivent sous le seuil de pauvreté. Les retraités ne sont pas épargnés, particulièrement les femmes et les plus jeunes, puisque la pension moyenne des nouveaux retraités est inférieure de 7% à la moyenne des pensions !
Les retraités refusent massivement de subir de nouveaux prélèvements fiscaux quand les plus grandes fortunes seraient épargnées de tout effort significatif.
En témoignent les plus de 10 000 signatures recueillies par notre pétition pour le maintien de l’abattement fiscal des retraités. Et d’ailleurs on peut continuer à la signer ici

Il faut changer de cap, cela passe par une profonde réforme fiscale, imposant une juste contribution aux plus grandes fortunes de ce pays.
Cela passe par une conditionnalité des aides aux entreprises, conditionnalité étayée sur des critères sociaux et environnementaux.
Cela passe par une relance de la consommation, principal moteur de notre économie, par la revalorisation des salaires, des pensions et des prestations sociales.
Cela passe par un arrêt des coups portés à la protection sociale et à l’assurance maladie, en cette année où nous célébrons les 80 ans de la Sécu !

Il faut changer de cap, nous le disons depuis longtemps à l’UNSA, mais cette opinion est désormais majoritaire dans le pays.
Sébastien Lecornu, qui prétend changer de méthode, doit aussi changer d’objectif, et rompre définitivement avec la politique de l’offre, avec le pseudo ruissellement dont même ses concepteurs, à commencer par l’économiste Jean Pisani-Ferry, reconnaissent qu’elle a échoué. Il doit changer de cap, et vite, sans quoi son projet politique, s’il finit par émerger, connaîtra la même sanction que celui de ses prédécesseurs.