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Déficit de la Sécurité sociale : excès de dépenses ou recettes insuffisantes ?
mercredi 4 juin 2025
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La commission des comptes de la Sécurité sociale s’est réunie le 3 juin à Bercy. Si elle envisage un déficit des comptes de la Sécurité sociale légèrement moins élevé que prévu (21,9 milliards d’euros contre 22,1 milliards d’euros prévus dans la Loi de Financement de la Sécurité sociale 2025), ce déficit est en forte progression par rapport à 2024 où il s’élevait déjà à 15,3 milliards d’euros.
C’est donc un solde négatif alourdi de 6,6 milliards d’euros qui vient creuser encore le trou de la Sécu en 2025.
L’accroissement des recettes de 6,4 milliards d’euros ne suffit pas à compenser l’augmentation des dépenses.
Dans le détail des chiffres :
La Commission des comptes de La Sécurité sociale prévoit les résultats les résultats suivants pour l’exercice 2025 :
- Branche Maladie : le déficit, de 13,8 milliards d’euros en 2024, se creuserait pour atteindre 16 milliards.
- Branche Retraite : En 2024, les comptes accusaient 3,6 milliards de déficit, celui-ci atteindrait 6,2 milliards en 2025.
- Branche Accidents de Travail/Maladies Professionnelles : Alors que les comptes affichaient un solde positif de 700 millions d’euros en 2024, ils passent dans le rouge et accusent un déficit de 100 millions d’euros.
- Branche Autonomie : La cinquième branche présentait elle aussi des comptes positifs en 2024, avec un excédent de 1,3 milliard. Elle passerait aussi en négatif avec un déficit de 600 millions d’euros.
- Branche Famille : elle est la seule en mesure de présenter un résultat positif en 2025, avec un excédent possible de 600 millions d’euros, mais en recul par rapport à 2024 où elle présentait un solde excédentaire de 1,1 milliard.
Les causes avancées pour expliquer le déficit
La Commission des comptes évoque un accroissement des dépenses liées à l’inflation avec une revalorisation des pensions à 2,2% au 1er janvier et pour les autres prestations sociales un rattrapage de 1,7% au 1er avril.
Mais elle passe sous silence le fait que la crise est aussi, et surtout, liée à un déficit de recette, dû aux exonérations de cotisations patronales, compensées de façon incomplète par l’État, et au manque à gagner résultant de l’exonération de cotisations de certains éléments de rémunération tels que l’actionnariat salarié, les primes ou les heures supplémentaires.
On pourrait ajouter les salaires trop bas, particulièrement pour les femmes, autre manque à gagner pour les caisses de Sécurité sociale. La parité salariale hommes/femmes entraînerait des cotisations sociales plus élevées et donc de meilleures rentrées pour la Sécurité sociale.
Rester vigilants
Le chantier du Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale va s’ouvrir en juillet, après la restitution des conclusions du conclave sur les retraites et des rapports commandés aux trois Hauts conseils (HCFiPS, HCAAM, HCFEA), missionnés par François Bayrou pour établir un « diagnostic partagé » et « identifier les leviers possibles de rétablissement des comptes sociaux ».
Il est fort probable que des mesures ciblant les retraités en tant que tels, comme le gel des pensions ou leur moindre revalorisation, des majorations de CSG, ou comme citoyens, par le truchement d’une majoration de la TVA, avec la mise en place d’une TVA prétendument sociale, fassent partie des hypothèses de travail.
L’UNSA, opposée à une plus large utilisation de la TVA pour le financement de la protection sociale, propose d’autres pistes de financement.
L’UNSA propose des alternatives plus justes et efficaces :
– Faire évoluer la CSG pour la rendre plus progressive et équitable
– Repenser la fiscalité sur les successions afin de renforcer la solidarité intergénérationnelle.
– Conditionner les exonérations de cotisations sociales à des engagements sociaux, environnementaux et liés à la qualité de l’emploi.
A l’UNSA Retraités, nous portons depuis plusieurs mois l’idée d’une CSG plus progressive. Nous soutenons pleinement ces propositions fondées sur la justice, l’équité et le progrès social.