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La confiance, ça se mérite !

lundi 25 août 2025

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Lors de sa conférence de presse du 25 août, le premier ministre a annoncé la convocation d’une session parlementaire extraordinaire pour le 8 septembre, et son intention de demander un vote de confiance sur sa déclaration de politique générale.
Il a, à nouveau, comme le 15 juillet, joué à fond la carte de la dramatisation extrême quant à l’endettement du pays, prenant le risque d’inquiéter marchés et investisseurs, et ce faisant, d’aggraver la crise financière.

Dramatisation et pédagogie simpliste
Dans un long développement, François Bayrou s’est employé à noircir à l’extrême la situation économique et financière du pays, développant son thème favori : les Français dépensent trop et ne travaillent pas assez.
Il a, de manière simplificatrice, assimilé le budget de l’État à celui d’une famille, mode de raisonnement dénoncé par tous les économistes sérieux...
Ce constat a été pour lui le prétexte pour dénoncer la prétendue insouciance des Français, qui ne mesureraient, de son point de vue, la gravité de la situation. Au rang des causes de notre dette, d’après lui, les salaires des fonctionnaires (Dont le point d’indice est gelé depuis des années), les retraites (En dix ans, elles ont été cinq fois sous indexées ou gelées), la protection sociale (Alors que l’accès aux soins devient chaque jour plus difficile et plus coûteux...)

Les causes de la crise :
Le vrai diagnostic, il ne l’a pas fait : si l’endettement de la France est réel et peut atteindre un seuil critique, les causes ne sont pas celles que décrit François Bayrou. Ce n’est pas parce que la France dépense trop et ne travaille pas assez qu’elle est en crise. C’est parce que depuis huit ans, les cadeaux fiscaux consentis aux plus riches, et les concessions accordées sans conditions ou presque aux entreprises ont asséché les ressources de l’État.
Les 1800 foyers fiscaux les plus favorisés, ceux que ciblait la taxe Zukman, ont vu leur richesse progresser très fortement, de 400 milliards à 1500 milliards en 10 ans !

La confiance comme préalable ?
Lors de sa conférence de presse, François Bayrou s’est refusé à aborder les différents points de ses annonces du 15 juillet, comme la suppression de deux jours fériés ou le doublement des franchises médicales, qui sont largement refusés par l’opinion. Il a réclamé un vote de confiance aux parlementaires, comme d’autres exigent un chèque en blanc. Pour la discussion du projet, on verrait plus tard, même si prétend-t-il « toutes les mesures sont discutables et amendables ». On a quand même été un peu échaudés par le « conclave » sur les retraites où, là-aussi, on pouvait, avançait-il, tout mettre sur la table.
Dans un contexte où 85 % des Français s’opposent à sa politique, où il ne dispose d’aucune majorité à l’Assemblée Nationale, ce vote de confiance sollicité auprès des députés peut s’apparenter à une démarche suicidaire. C’est son affaire, mais cela n’arrange pas forcément les nôtres, car nous risquons d’entrer dans une forte période de turbulence politique et économique, préjudiciable à tous, à commencer par les plus fragiles.

Un effort juste, chiche !
François Bayrou l’a répété au moins deux fois dans son propos, il faut un effort juste, il faut de la justice dans la répartition de l’effort. Sauf que son projet de juillet était la stricte déclinaison du contraire :
 Le scalpel pour les plus favorisés et les grandes entreprises, avec le rejet de la taxe Zukman, et le refus de reconduire la taxe exceptionnelle sur les bénéfices des entreprises.
 Le feuillard de boucher pour les plus modestes et les classes moyennes, et parmi eux, les retraités. Même ces « privilégiés » que constituent les bénéficiaires de l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées devraient voir leur allocation gelée !

François Bayrou prétend faire appel au bon sens et à la raison pour gagner le peuple à sa cause. Le bon sens aurait imposé au préalable de l’écouter, ce peuple, et en premier lieu les corps intermédiaires, qui refusent son projet de budget. Ce n’est pas la voie choisie.
Le premier ministre prétend être guidé par la recherche d’une effort juste, équitablement partagé. Prenons-le au mot et faisons-lui entendre ce qui est inacceptable, en termes d’injustice, pour les salariés de ce pays, actifs comme retraités. Signons et faisons signer la pétition intersyndicale qui dénonce son plan budgétaire, comme l’ont déjà fait 350 000 de nos concitoyens.
Je signe la pétition contre le plan Bayrou