Accueil > Consommation > La voiture électrique vers une impasse écologique et politique ?

La voiture électrique vers une impasse écologique et politique ?

jeudi 20 octobre 2022

◷ Lecture 2 min

Le Parlement Européen a tranché : dès 2035, il sera interdit de vendre des voitures neuves à moteur thermique. Il restera la voiture électrique.
L’objectif du Parlement européen est de réduire émissions de carbone de 55% d’ici 2030. Cette interdiction est la mesure qui touchera au plus près chaque citoyen.

En France, Emmanuel Macron a rappelé le 17 octobre, en se rendant au Mondial de l’automobile de Paris, l’objectif de "deux millions de véhicules électriques produits en France en 2030." Bonus, bouclier tarifaire, le gouvernement a aussi pour projet de généraliser la location de voitures électriques pour 100 euros/mois. Le but, selon le chef de l’État, est de "tenir l’objectif pour le climat, pour la réindustrialisation du pays, et pour notre souveraineté".

Pourtant, d’un point de vue environnemental, la voiture électrique n’est pas si vertueuse…
Une voiture électrique pollue. Cobalt, nickel, manganèse, lithium... Les batteries des voitures électriques nécessitent des métaux dont l’extraction est particulièrement polluante. En sortie d’usine, avant même d’avoir roulé, la voiture électrique démarre avec un net retard environnemental sur son homologue thermique. Ce décalage n’est comblé qu’après 40 000 à 50 000 km de route, selon les estimations de l’Ademe.
Ce rattrapage survient "à condition d’avoir un mix électrique à la française", c’est-à-dire avec une part importante d’électricité peu émettrice en gaz à effet de serre, comme le nucléaire. Or, dans la plupart des pays d’Europe, les centrales électriques fonctionnent au gaz ou au charbon…

A les écouter, la majorité des responsables politiques considèrent la "transition vers l’électrique" comme le remplacement de la voiture thermique par la voiture électrique. Mais « si on remplace un véhicule thermique par un véhicule électrique, on ne parvient pas à nos objectifs climatiques », indique le Réseau Action-Climat.
La petite voiture électrique est un outil efficace et pertinent pour les déplacements quotidiens dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres. Elle ne peut pas remplacer le véhicule thermique comme « couteau-suisse de la mobilité ». Pour les trajets à longue distance, la voiture électrique ne peut être qu’un maillon de la chaîne en complément des transports en commun et notamment le train.

Cependant, remettre en cause le tout voiture dans la société, investir massivement dans le ferroviaire, réduire les distances entre le domicile et le travail, réduire l’étalement urbain est une trajectoire beaucoup plus difficile sur le plan politique que tout miser sur la voiture électrique… Sommes-nous prêts à changer nos modes de vie ?