Accueil > Autonomie > Les salariés de l’aide et services aux personnes sont en difficulté

Les salariés de l’aide et services aux personnes sont en difficulté

jeudi 7 mars 2024

◷ Lecture 3 min

Plusieurs études montrent les conditions de travail particulièrement difficiles et la précarité auxquelles sont confrontés les personnels de l’aide et des services aux personnes, qu’ils travaillent en établissement ou à domicile.

Un état des lieux édifiant de la Cour des Comptes
La Cour des Comptes a recensé 731 000 personnes travaillant dans les 19 200 EHPAD, dont 155 000 sont agents titulaires des Fonctions Publiques Hospitalière ou Territoriale, 68 000 travaillent à temps partiel ou sont contractuels en Établissement et Services Médicaux Sociaux (ESMS) publics, 50 8000 sont salariés des ESMS privés lucratifs ou non lucratifs.
90% des EHPAD sont confrontés à des difficultés de recrutement et de gestion du turn-over des salariés. Le métier d’Aide-Soignant est un des métiers les plus recherchés mais aussi dans un des des métiers les plus difficiles à pourvoir. Une grande partie des professionnels préfèrent les CDD ou l’intérim. Plus de 10% des Aides-Soignants cumulent des contrats courts avec un emploi voire fonctionnent exclusivement en CDD.
Les ESMS ont le plus fort taux en nombre et fréquence d’accidents du travail (devant le BTP).
Ainsi entre 2016 et 2019, en gérontologie, le nombre des accidents du travail a augmenté de 31% dans le public, de 30% dans le privé non lucratif et de 102% dans le privé lucratif. Les journées perdues représentent environ 15 000 Équivalents Temps Plein.
En Ile de France l’ACMS (service de prévention et de santé au travail) a interrogé 6 000 salariés de près de 250 EHPAD. 50% des répondants estiment que leurs conditions de travail ont eu des répercussions négatives sur les résidents.

Les salariés des SAAD sont confrontés aux bas salaires et à la précarité
L’institut de recherches économiques et sociales IRES de Lille a étudié les salaires et la perception qu’ont de leurs missions les personnels des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) et fait la comparaison avec la moyenne des employés et ouvriers.

Deux tiers des services d’aide et d’accompagnement à domicile ont aussi des problèmes pour recruter. Les SAAD ont ainsi dû prioriser leurs interventions et baisser le volume horaire auquel des usagers avaient droit…
Après la mise en place de missions courtes (30 minutes d’intervention à domicile) plus de 10% des salariés ont demandé une visite de la médecine du travail. Cela a conduit les structures à renoncer à la mise en place de ces missions de 30 min qui étaient une maltraitance pour les usagers et les personnels.

Une étude de L’institut national de recherche et de sécurité montre des possibilités d’amélioration
En Nouvelle Aquitaine où un programme de prévention (EHPAD et domicile) a été mis en place dans 150 établissements et 170 SAAD, 96% de ces derniers estiment ce programme répond à leurs besoins, 70% des intervenants à domicile estiment que ce programme améliore leurs conditions de travail, 80% ont plus ou mieux recours aux aides techniques.
Les accidents du travail liés aux manutentions ont été réduits de 50% entre 2016 et 2021 et une « économie » de 40% a été faite sur les Indemnités Journalières, ce qui a représenté 6 M€ en économie directe.

L’amélioration de la situation des salariés de l’aide et services aux personnes est indispensable pour une prise en charge digne des personnes dépendantes. L’UNSA Retraités revendique :
 L’élaboration d’une loi garantissant la prise en charge et le financement de l’accueil des personnes âgées en établissement
 L’amélioration du ratio d’encadrement en EHPAD pour tendre vers 1 ETP pour 1 résident avec un effort prioritaire pour les personnels "au chevet" (aides-soignants et infirmiers).
 L’amélioration des conditions de travail de la formation de la rémunération et des carrières de tous les personnels intervenant à domicile ou en établissement, pour rendre plus attractifs les métiers d’aide à la personne.
 Le renforcement des contrôles des EHPAD, qui doivent s’opérer de manière inopinée.
 Un droit d’alerte effectif pour les familles en cas de détection de situations anormales.