Accueil > Édito > Nouveau gouvernement, mais pour quelle politique ?

Nouveau gouvernement, mais pour quelle politique ?

jeudi 26 décembre 2024

◷ Lecture 3 min

La saison est propice aux vœux. Après la censure du gouvernement Barnier , les Français étaient en droit d’espérer un gouvernement plus à l’écoute de leurs attentes, plus orienté vers le dialogue social, soucieux d’une fiscalité plus équitable à même de redresser les comptes publics, en mettant à contribution ceux qui ont été largement favorisés par les cadeaux fiscaux et autres exonérations, depuis sept ans.

Le gouvernement qu’ils ont découvert le 23 décembre ressemble à s’y méprendre au gouvernement censuré en début du même mois par l’Assemblée Nationale.
L’équipe qui nous a été présentée par le Secrétaire général de l’Élysée est semblable dans sa composition et probablement dans ses projets, à celle qui avait été laborieusement mise en place début octobre et qui n’a tenu que 91 jours. 19 des ministres retenus sur les 35 nommés appartenaient au gouvernement Barnier.

Face à la crise que nous traversons, avec la menace d’une extrême droite qui dicte ses conditions et pèse sur le choix des ministres, le gouvernement Bayrou semble bien en peine de répondre à l’urgence du moment.
Avant même d’avoir composé son équipe, le premier ministre a déjà perdu une bonne part de sa crédibilité, par sa gestion plus qu’hasardeuse de la crise humanitaire à Mayotte, la salle du Conseil municipal de Pau, si respectable soit-elle, lui semblant le lieu le plus propice pour coordonner les secours d’urgence et le plan d’aide humanitaire…

Monsieur Bayrou avait l’opportunité de composer un gouvernement plus à l’écoute de la Nation, s’engageant à bannir le passage en force. Pour cela, il aurait fallu donner des signes forts à cette partie de l’opinion qui refuse la réforme des retraites de 2023, le démantèlement des services publics et de notre protection sociale, et une politique de l’offre et du ruissellement qui n’a eu d’autres résultats que d’enrichir les plus riches et d’affaiblir notre tissu économique.

Il aurait fallu être enfin attentif au message des corps intermédiaires, et parmi eux, à celui des organisations syndicales. La voie choisie semble à l’opposé de ce choix de raison. Malheureusement, elle risque de conduire à une crise politique et institutionnelle profonde, avec la perspective d’une nouvelle censure du gouvernement.

La France a-t-elle la possibilité d’assumer sans dommage cette politique hasardeuse ? Sans condamner par avance une politique qui ne sera clairement définie qu’à partir du 3 janvier, ceux qui sont attachés à la République et à la démocratie sont en droit de se poser la question.

Dans le champ qui nous incombe, nous pouvons déplorer une fois encore l’absence de ministre délégué aux retraités et personnes âgées. Les 17 millions de retraités de ce pays sont une fois encore oubliés, et il faudra qu’ils en soient réduits à la perte d’autonomie pour qu’un ministre, en l’occurrence Mme Parmentier-Lecoq, s’intéresse à leur situation.
Pour les autres, il faudra s’adresser probablement Mme Vautrin, en charge d’un périmètre ministériel très vaste pour faire entendre la voix des retraités.
Nous serons particulièrement attentifs aux orientations choisies dans le futur projet de loi de financement de la Sécurité sociale, sur les mesures impactant la santé, la prévention de la perte d’autonomie et la protection sociale.

Alors oui, formons le vœu qu’en 2025, la voix du peuple soit enfin entendue, après six mois de crise politique ouverte par la dissolution de 9 juin 2024. Formons le vœu que les hommes politiques de tous bords fassent taire leurs egos, mettent de côté leurs ambitions pour se mettre à l’écoute des attentes du peuple et pas seulement d’une oligarchie qui a largement profité des mesures prises depuis sept ans.
Si l’intérêt général n’est pas mis au centre du débat, la porte est ouverte à toutes les aventures populistes, voire à certaines dérives de violence sociale. Et dans ce cas, l’horizon qui s’ouvre avec l’année 2025 serait chargé de lourdes menaces.