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Du « nouveau monde »... à l’ancien !

mardi 10 septembre 2024

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Après 51 jours de vacance du pouvoir, et des « affaires courantes » gérées par un gouvernement démissionnaire, la fumée blanche s’est élevée du ciel élyséen... Le Président Macron s’est enfin décidé, le 5 septembre, à nommer un Premier Ministre.

Il avait tenté le jeunisme en la personne de Gabriel Attal, plus jeune Premier Ministre de la Cinquième République... Par effet de contraste, et peut-être pour tenter d’enrayer la crise politique ouverte par la dissolution de l’Assemblée Nationale, le président a nommé le Premier Ministre le plus âgé qu’ait connu la République depuis 1958...
Le temps ne fait rien à l’affaire, et les seniors que nous sommes peuvent créditer M. Barnier d’une réelle expérience politique, d’une certaine pondération et d’un esprit de conciliation propre aux personnes avancées en âge...

Formulons toutefois quelques réserves.
A l’UNSA nous avons quelques attentes précises concernant le domaine social : abrogation de la réforme des retraites, augmentation des salaires et des pensions, justice sociale, justice fiscale, accroissement des investissements pour la transition écologique et amélioration des services publics...

A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous avons cru comprendre que le président de la République accorderait une certaine latitude au nouveau gouvernement, excepté pour les sujets relevant du domaine réservé et du régalien...

Nous avons une idée assez vague du projet politique porté par M. Barnier. Mais si nous nous référons à celui qu’il formulait en tant qu’impétrant à la candidature à la présidentielle de 2022, lors de la primaire du parti Les Républicains, nous sommes en droit de former quelques inquiétudes :

  • Pour les retraites, il souhaitait relever l’âge d’ouverture des droits à 65 ans.
  • Pour le social, au nom de la défense de la « valeur travail », il se proposait de lutter contre l’assistanat, comprenez, diminuer les aides sociales. Dans le même temps, il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d’euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 smic. Une nouvelle mouture de la « politique de l’offre », qui a eu pour effet de réduire les rentrées de la Sécurité sociale et de creuser le déficit public.
  • Ajoutons que sur la question de l’immigration, il prônait un référendum pour redonner à la France une liberté de manœuvre, dans le but de réduire les flux migratoires, et au passage suggérait la suppression de l’Aide Médicale d’État...
    C’est peut-être cette dernière posture qui lui valut la bienveillante neutralité du Rassemblement National et la garantie d’éviter la censure a priori...
  • Autre thème qui a pu valoir à cet ancien ministre de l’environnement l’indulgence de l’extrême droite, son opposition résolue aux éoliennes !

Il est possible que M. Barnier ait changé. Il a peut-être pris la mesure de l’hostilité d’une grande partie de l’opinion à l’égard des politiques menées par M. Attal et avant lui, Mme Borne. Il a sans doute constaté que sa famille politique occupe un espace restreint au sein de l’hémicycle...

Nous n’instruirons pas un procès en légitimité par avance, mais si la politique engagée contrevient de façon radicale aux priorités qui sont les nôtres, en matière de pouvoir d’achat, de protection sociale, de développement des services publics et de transition écologique, à l’UNSA Retraités, avec l’UNSA, nous n’hésiterons pas à faire entendre de notre voix.