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Congé proche-aidant : Pourquoi ça ne marche pas ?

mercredi 5 octobre 2022

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Au lendemain de la journée des aidants, fixée chaque année au 6 octobre, il est utile de s’intéresser au congé de proche aidant. Ce congé, rémunéré depuis 2020, est censé apporter une aide aux personnes en activité prenant en charge un proche en situation de dépendance lourde.
Il est difficile d’accès, peu utilisé et largement méconnu. En clair, il répond mal à un réel besoin.
Explications...

Le 6 octobre est la journée des aidants. L’occasion de s’intéresser à une mesure récente censée venir en aide aux aidants qui prennent en charge à domicile un proche affecté d’une lourde perte d’autonomie, qu’elle soit liée à l’âge ou au handicap : le congé de proche aidant.
Cette mesure a été mise en place en 2017, mais cinq ans plus tard, le congé de proche aidant demeure difficile d’accès et très peu sollicité.

En quoi consiste-t-il ?
Non rémunéré au départ, le congé de proche aidant est indemnisé depuis le 30 septembre 2020 par le versement d’une allocation journalière du proche aidant (Ajpa) d’un montant de 58,59 € pour une journée. Mais cette allocation ne peut être perçue au total que trois mois dans la carrière.

A qui s’adresse-t-il ?
Les salariés du privé, les fonctionnaires, les travailleurs indépendants, les chômeurs indemnisés peuvent bénéficier de l’allocation journalière du proche aidant, s’ils prennent en charge une personne affectée d’une perte d’autonomie correspondant à GIR (Groupe Iso Ressource évaluant le degré de dépendance) entre 1 et 3, ou ayant un taux de handicap supérieur à 80%.

Un dispositif sous-utilisé
Selon l’étude d’impact de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020, près de 270 000 salariés aidants pourraient y prétendre.
Pourtant, entre octobre 2020 et février 2022, seulement 19 000 dossiers ont été déposés et moins de 7000 acceptés. A peine plus de 2.5% des personnes potentiellement éligibles ont bénéficié du dossier de proche aidant. Selon le ministre des solidarités, Jean-Christophe Combe, 8755 personnes auraient bénéficié de l’Ajpa en 2022. Un léger mieux mais bien loin de répondre aux besoins.

Pourquoi ça ne marche pas ?

  • L’allocation est inférieure au SMIC et son niveau modeste décourage des salariés ou des travailleurs indépendants confrontés à des contraintes financières aggravées par la dépendance du proche.
  • La durée très limitée du congé de proche aidant ne répond pas aux besoins générés par la maladie chronique, le handicap lourd, ou la perte d’autonomie irréversible. On en diffère l’utilisation pour faire face à une aggravation ultérieure possible de la situation de la personne dépendante.
  • Les employeurs sont réticents à informer les salariés sur ce dispositif.
  • Parmi les dossiers rejetés, beaucoup de retraités en avaient fait la demande alors qu’il n’est réservé qu’aux actifs. Ce qui témoigne d’une méconnaissance du dispositif, mais aussi du besoin d’aide financière attendu par des aidants retraités, exclus de ce dispositif d’appui.

Ce qu’il faudrait :

  • Une majoration significative du congé de l’allocation journalière du proche aidant s’impose, afin d’éviter une perte de pouvoir d’achat au bénéficiaire.
  • Une augmentation significative de la durée du congé doit être envisagée, pour répondre aux situations de dépendance irréversible et de maladie sans perspectives de rémission notamment les maladies neurodégénératives.
  • Une meilleure information du dispositif doit être développée.
  • La question de l’aide financière aux aidants retraités ne peut être écartée.