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Et si on gelait la réforme des retraites ?

jeudi 9 octobre 2025

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Avant de rendre son tablier, Sébastien Lecornu avait tenté de séduire ses oppositions en faisant la promesse de renoncer à recourir à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, lequel avait permis entre autres, le passage e force de la réforme des retraites de 2023. Il reconnaissait implicitement que le recours au 49.3, dans un contexte d’absence de majorité qualifiée, n’était pas la procédure la plus démocratique pour faire passer une loi, a fortiori quand 75 % de l’opinion la refuse. Cela supposerait à tout le moins qu’un futur gouvernement, peut-être Lecornu N° 2, admette de remettre cette loi en débat. Autre hypothèse, le gel de la réforme jusqu’aux prochaines élections. A l’UNSA, on serait plutôt preneurs.

Rappelons le contenu de la réforme de 2023.
La réforme des retraites qui a repoussé l’âge légal de 62 à 64 ans se déroule progressivement, à raison de quelques trimestres supplémentaires par an, jusqu’en 2023. Elle concerne les générations nées après mai 1961 et doit s’achever en 2032 avec la génération née en 1968. Le nombre de trimestres requis pour obtenir le taux plein de pension augmente plus vite. La réforme Touraine l’avait fixée à 172 trimestres (ou 43 annuités) pour la génération 1973. Cet horizon doit être atteint plus tôt, dès la génération 1965.

Quelle serait l’incidence du gel de la réforme ?
L’arrêt de la réforme en cours, dès aujourd’hui, se traduirait par un âge légal d’ouverture des droits à pension gelé à 62,75 ans. Quant à la durée de cotisation elle serait bloquée pour deux ans à 42,5 ans.
Le coût de cette mesure serait relativement minime, de l’ordre de 1 milliard d’euros, en 2026, selon l’économiste Mikaël Zemmour.
Si le gel de la réforme était poursuivi jusqu’en 2032, le coût s’élèverait à 8 milliards d’euros par an, qui pourraient être compensés par un point de cotisation supplémentaire.
Selon la Cour des comptes, si l’on prend en compte le manque de recettes pour le régime des retraites, résultant pour partie des cotisations retraites de fin de carrière manquant du fait du départ à la retraite un peu plus précoce et de recettes fiscales moindres, le coût total serait de 13 millions d’euros.

Qui seraient les bénéficiaires d’une telle mesure ?
Très probablement les générations proches de la retraite, qui pourraient voir leur cessation d’activité anticipée de 3 à 6 mois.
Le gain serait par contre inexistant pour les plus jeunes.

Que faut-il en penser ?
On le sait, le débat sur la réforme des retraites a été totalement avorté, et pose un problème de déni de démocratie. On peut regretter que l’idée d’un référendum d’initiative citoyenne, possible dès avril 2024, ait été totalement oubliée. On peut déplorer que l’intransigeance et l’arrogance du MEDEF aient conduit la possibilité d’évolution et de remise en cause au moins partielle de cette réforme dans le cadre du conclave ouvert en janvier 2025.
Dans l’immédiat, nombre de salariés proches de la retraite aurait intérêt au gel de la réforme qui pourrait leur permettre de gagner jusqu’à 6 mois par rapport à leur date de départ à la retraite. Et à d’autres d’éviter un alourdissement de la décote, lorsque la carrière est incomplète.
Il ne peut s’agir que d’une mesure provisoire supposant la remise en débat et en chantier de la réforme des retraites, lors des futures échéances électorales à venir, élection présidentielle et élections législatives.