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Halte à l’ubérisation dans les Ehpad !

mercredi 15 novembre 2023

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Sur le modèle des chauffeurs UBER, des plateformes font travailler des soignants indépendants au sein des Ehpad ou des hôpitaux, malgré des doutes sur la légalité de ces prestations.

Un développement rapide, particulièrement dans les Ehpad

Depuis la crise du COVID en 2020, pour répondre aux énormes besoins de remplacement que connaissent les établissements de santé, deux plateformes, Brigad et Mediflash, proposent les prestations de soignants indépendants. Leur activité a connu un développement rapide. Les Ehpad sont particulièrement demandeurs. Brigad (qui opère aussi dans l’hôtellerie-restauration) dit avoir 15 000 travailleurs indépendants inscrits sur sa plateforme et 10 000 entreprises clientes, Mediflash annonce 2000 soignants et 600 établissements de santé inscrits.
Pour attirer les soignants, les plateformes promettent une maitrise de l’emploi du temps, le choix du lieu de travail, une meilleure rémunération… Et ça marche, auprès de professionnels dont les salaires sont particulièrement bas et qui sont quotidiennement confrontés à un manque de personnel qui rend les charges de travail insupportables. Les travailleurs indépendants sont pourtant moins protégés. Ils n’ont ni congés payés, ni allocations chômage.

Une attitude ambiguë des pouvoirs publics

Dans un courrier du 30 décembre 2021 adressé aux agences régionales de santé, Elisabeth Borne, ministre du Travail, et Olivier Véran, ministre de la Santé, ont mis en garde contre le caractère potentiellement frauduleux de ce type de montage contractuel. « Certaines professions règlementées du secteur de la santé font obstacle à l’exercice même de ces activités sous un statut d’indépendant. C’est en particulier le cas de la profession d’aide-soignant. »
Le 25 mai 2023, Elisabeth Borne, Première ministre, a redit son opposition à ces pratiques, devant une commission de l’Assemblée nationale. Des contrôles de l’Inspection du travail et de l’URSSAF ont été diligentés dans des établissements faisant appel aux plateformes.
Mais, en même temps, la Banque publique d’investissement a accordé 3,8 millions d’euros de prêts à Brigad et 450 000 euros à Mediflash. Et l’activité des plateformes se poursuit librement, y compris avec des établissements publics.

L’UNSA Retraités revendique un meilleur financement de la dépendance

L’UNSA Retraités est consciente que le personnel en Ehpad est insuffisant pour faire face à l’accueil de personnes de plus en plus âgées et fragilisées par de nombreuses pathologies. Elle revendique un ratio de 1 personnel (contre 0,6 aujourd’hui) pour 1 résident, avec un effort significatif pour les personnels au chevet (infirmiers et aides-soignants) ainsi que l’amélioration de la formation et de la rémunération de tous les personnels.
Derrière tous les problèmes, de qualité d’accueil, de manque de personnel, de formations et de tarifs souvent prohibitifs, se pose le problème du financement de ces structures.
L’ubérisation dans les Ehpad ne répond pas aux enjeux d’amélioration de l’accueil et des services aux résidents et vient compliquer une situation déjà particulièrement difficile.