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La médecine de ville, un secteur confronté à de graves problèmes…

lundi 27 février 2023

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La pénurie de médecins généralistes est un sujet largement documenté. En dix ans, le nombre de médecins généralistes libéraux est passé de 64 000à 57 000 (-11%). Nous en vivons les conséquences au quotidien. Un syndicat de médecin généraliste s’est lancé dans une action revendicative pour demander le doublement du tarif de la consultation de base, avec un tarif à 50 €. Un autre débat surgit actuellement, la question des rendez-vous médicaux non honorés, qui aggraveraient les tensions affectant la médecine de ville…
Qu’en est-il de ces questions ? Tentons de faire le point…

Les médecins français sont- ils sous-payés ?
La revendication des médecins libéraux, étayée par un mouvement de grève fin décembre et début janvier, puis une journée de protestation le 14 février, prétend créer un choc d’attractivité, en faisant passer le tarif de la consultation de 25 à 50 euros.
Cette demande est étayée par la comparaison avec le tarif appliqué en Allemagne, 75 euros, et en Suisse, 100 euros.
Pour autant, si l’on compare la rémunération des médecins français au salaire moyen, avec un rapport de 3 à 1, les généralistes français sont loin d’être les plus mal lotis. Leur situation est plus favorable que celle de leurs homologues belges ou néerlandais, par exemple, qui perçoivent une rémunération 2.5 fois supérieure au salaire moyen de leur pays.
Le malaise des médecins est légitime, mais il semble davantage lié à des questions d’organisation du système de soins qu’à l’insuffisance de leurs revenus.
Dans d’autres pays, les médecins ne sont pas forcément payés à l’acte, et leur rémunération peut avoir un certain nombre de contreparties, notamment des contraintes sur le lieu d’installation, ce dont les médecins français ne veulent pas, pour l’instant, entendre parler.
Il faudrait pourtant en passer par des évolutions de ce type pour sortir de la crise actuelle.

Rendez-vous médicaux non honorés, où se situe le problème ?
« Chaque semaine 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous, ce qui correspond à une perte de temps de consultation de près de 2 heures hebdomadaires pour le médecin quelle qu’en soit la discipline », s’alarment l’Académie de médecine et le Conseil de l’Ordre.
Le problème affecte chaque année plus de 26 millions de consultations, dont deux tiers concerneraient le premier rendez-vous avec un praticien.
L’une des causes à ce problème réside dans la difficulté à accéder à un premier rendez-vous médical, et aux dates parfois extravagantes proposées pour la première consultation…
Quand le délai excède les trois mois, voire les six mois pour certaines spécialités, le patient inquiet multiplie les recherches et ne va pas prendre forcément la précaution d’annuler un rendez-vous lointain quand il a pu trouver une prise en charge plus conforme à ses besoins et une date de rendez-vous plus conforme à ses attentes.
On peut y voir un manque de civisme ou de la désinvolture, mais c’est aussi la conséquence d’un très médiocre service rendu, particulièrement pour les primo-consultants. La seule réponse avancée par le gouvernement, et le président de la République, relève de la sanction appliquée aux usagers.
Un peu plus de civisme ne nuirait pas, certes mais l’amélioration du système de santé et un meilleur maillage de la médecine de ville pourraient constituer des réponses plus adaptées que les sanctions.