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La retraite par capitalisation, une idée neuve ? Pas vraiment !

lundi 10 février 2025

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À l’heure où l’on reparle de retraite par capitalisation, il est utile de revenir sur les expériences passées. Les premières caisses de retraite mises en place dans notre pays étaient fondées sur un système par capitalisation.
Nos arrières grands-parents ont fait les frais de ce système, injuste, peu protecteur et sans réelles garanties.
Ne renouvelons pas les erreurs du passé !

Les Retraites Ouvrières et Paysannes (1910)
Les premières retraites mises en place en France en 1910, les Retraites Ouvrières et Paysannes (ROP) étaient fondées sur la capitalisation. Employeurs et salariés cotisaient pour approvisionner un compte qui donnait droit à une rente après trente années de travail et à partir de 65 ans. À l’époque, l’espérance de vie moyenne des ouvriers est de 48,5 ans pour les hommes. Autant dire que peu nombreux étaient les ouvriers qui en bénéficiaient.
La guerre de 1914 et la mobilisation en masse ont réduit le nombre de cotisants. Les soldats mobilisés ne cotisaient pas. Ceux qui n’en revinrent pas encore moins. La dévaluation qui a suivi a ruiné l’épargne. Le système est sorti du conflit déconsidéré. Au lendemain de la Grande Guerre, on ne comptait plus que 1,4 million de cotisants sur près de 12 millions d’assurés potentiels.

Les assurances sociales (1928 et 1930)
Les assurances sociales mises en place par les lois de 1928 et 1930 étaient également fondées sur un régime par capitalisation. L’âge d’ouverture des droits était abaissé à 60 ans. Les cotisations avaient augmenté, elles étaient versées à diverses caisses qui les géraient : caisses départementales publiques, caisses mutualistes , caisses patronales, caisses syndicales, caisses confessionnelles, etc. La multiplicité des gestionnaires entrainait des coûts de fonctionnement élevés. Et même si le nombre de cotisants avait fortement augmenté, les crises multiples ont érodé cette épargne.
En 1944, un salarié qui avait cotisé 14 ans pouvait espérer une rente correspondant à environ 20% de son salaire de référence.

La mise en place de la retraite par répartition
La mise en place de la Sécurité sociale par Ambroise Croizat et Pierre Laroque en 1945 permet la création de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse, qui garantit aux salariés une pension de retraite à partir de 65 ans fondée sur un régime par répartition mais plafonnée à 50 % du plafond de la Sécurité sociale.
Les cadres estiment que le nouveau système ne leur garantit pas un revenu de remplacement suffisant, et, organisés en une nouvelle organisation syndicale, la Confédération Générale des Cadres, ils contribuent en 1947, à la mise en place d’une retraite complémentaire par points alimentée par les cotisations des salariés et des employeurs et gérée paritairement par les partenaires sociaux : l’Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres (AGIRC). Ce régime complémentaire par point est un régime par répartition, les points achetés par les actifs servant à payer les points servis aux retraités.
En 1961, l’Association des Régimes de Retraite Complémentaire (ARRCO) viendra compléter la retraite de base des salariés non cadres.

Échaudés par les expériences des régimes de retraites par capitalisation, les salariés français et leurs représentants ont privilégié après 1945 des régimes de retraite par répartition, fondés sur la solidarité, tant pour les retraites de base que pour les complémentaires. Il n’est pas inutile de s’en souvenir !