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La vérité, concept élastique...
dimanche 27 avril 2025
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Intervenant dans l’émission « On n’arrête pas l’éco... » , sur France Inter, le samedi 26 avril, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) Amir Reza-Tofighi a soutenu samedi l’idée de supprimer l’abattement fiscal de 10% des pensions de retraite, fustigeant « un manque de courage pour des raisons électorales ».
Il a repris à son compte l’antienne usée jusqu’à la corde des « retraités privilégiés ».
Ses propos méritent quelques rectifications...
« J’entends tous ceux qui n’arrêtent pas de dire qu’il faut une responsabilité budgétaire mais qui, dès qu’on demande d’avoir des efforts partagés, disent qu’il est hors de question de toucher aux retraités. Je pense que c’est un manque de courage pour des raisons électorales », a-t-il déclaré.
Nous lui rappelons qu’entre 2012 et 2022, en dix ans, les règles de revalorisation des pensions définies par l’article 161-25 du Code de la Sécurité sociale n’ont été appliquées que cinq fois. Conséquence : les retraités, à qui les politiques n’auraient demandé aucun effort, ont abandonné sur la période 5% de pouvoir d’achat en euros constants, pour les non-cadres, et même 7,5% pour les cadres. Selon les critères de M. Reza-Tofighi, il faudrait donc au contraire saluer le « courage » des gouvernants tout au long de la période, ou plutôt selon nous, dénoncer leur constance à recourir aux mêmes ficelles budgétaires.
Dans le même élan et avec le même aplomb, il a affirmé que les retraités avaient vu leur pension revalorisée de 6%. Désolé, M. Reza-Tofighi, c’était 5,2%. Tous les retraités l’ont constaté et mesurent aisément votre erreur.
Il a souligné qu’en 2024, les salaires avait progressé moins que les pensions, et moins que l’inflation. C’est exact, mais ce n’est ni la faute des retraités, ni celle des salariés et des organisations qui les représentent. La responsabilité est plutôt à rechercher du côté des employeurs, dont M. Reza-Tofighi défend les intérêts, du moins pour une partie d’entre eux.
Avec une constance qui mérite d’être saluée, M. Reza-Tofighi a rappelé « que la France est une anomalie dans l’Union européenne parce qu’on est le seul pays (dans lequel) les retraités ont un meilleur niveau de vie que les actifs ». Assertion démentie par le dernier rapport du COR de 2024 et de plus en plus souvent remise en cause par les analystes économiques... Il est vrai que le nombre de retraités sous le seuil de pauvreté est largement inférieur en France à celui qui est constaté en Allemagne par exemple... 10% en France contre 14.5% en Allemagne. Pour se rapprocher de l’idéal européen cité en exemple par M. Reza-Tofighi, il serait donc nécessaire que le nombre de retraités sous le seuil de pauvreté passe de 1,7 million à 2,4 millions. Soit 700 000 retraités pauvres de plus... (de mieux ?)
Quelques bonnes raisons pour les retraités d’affirmer haut et fort leur refus de subir un impôt supplémentaire, puisque la suppression de l’abattement fiscal de 10% dont ils bénéficient ne serait qu’une manière hypocrite de leur imposer une majoration de leur contribution à l’impôt sur le revenu.