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Un coup de massue sur les retraités des classes moyennes ?

mardi 22 avril 2025

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L’offensive contre l’abattement fiscal des 10% des pensions et retraites est repartie de plus belle, avec la déclaration de la ministre Amélie de Monchalin, le samedi 19 avril. Ces propos ont suscité un réel émoi chez les retraités, comme en témoigne la forte consultation de l’article de notre page consacrée à ce sujet tout au long du week-end de Pâques.
Nous persistons, cette mesure est injuste et inacceptable. Elle prétend mettre à contribution les retraités les plus favorisés, alors qu’elle impacterait, si elle était mise en oeuvre, des ménages de retraités modestes. Explications...

Répétons-le, la déduction forfaitaire des actifs pour frais professionnels et l’abattement sur les pensions et retraites n’ont rien de commun, si ce n’est le taux de 10%.
Les actifs bénéficient d’une déduction de 10%, s’ils renoncent à déclarer leurs frais professionnels réels. Cette déduction est plafonnée à 14 171 euros en 2025 sur les revenus 2024.
Les retraités bénéficient d’un abattement, justifié depuis 1978 par le fait que leurs revenus baissent à la retraite. Cet abattement, également de 10%, est plafonné à 4321 euros pour les revenus 2024 déclarés en 2025.
Mettre un trait d’égalité entre ces deux mesures fiscales relève d’une malhonnêteté intellectuelle certaine. Il ne s’agit ni de la même mesure, ni des mêmes plafonds.

Mettre à contribution les retraités les plus aisés ? La suppression de l’abattement fiscal ne serait pas le meilleur outil loin de là.
L’argument de la ministre, celui du président du COR convergent pour dire qu’une telle mesure épargnerait les retraités modestes. Les chiffres viennent contredire ces affirmations.
Voici les effets qu’aurait la suppression de cet abattement fiscal, selon une microsimulation de l’économiste Pierre Madec, portant sur les ménages comptant au moins un retraité.
 Les ménages disposant d’un revenu annuel de 19 500 euros (soit 1625 euros bruts mensuels) commenceraient à être impactés et verraient leur revenu baisser.
 Pour un ménage disposant d’un revenu de 30 000 euros (soit 2 500 euros brut par mois), le revenu disponible baisserait de 1 %.
 Pour un ménage disposant d’un revenu de 49 500 euros (soit 4 125 euros brut par mois), le revenu disponible baisserait de 1,45 %.
 Pour un ménage dont le revenu moyen atteint 95 500 € (soit 7 960 euros brut par mois), le revenu disponible ne baisserait que de 0,9%.
Pour un ménage ayant ce niveau de revenus, la pension de retraite ne constitue qu’une partie des ressources et l’abattement est limité au plafond de 4321 euros.
On retiendra que les 5% de ménages de retraités les plus aisés seraient moins impactés que les retraités des classes moyennes...
C’est un élément de justice fiscale qui a sans doute échappé à Mme de Monchalin, mais qui est justement dénoncé par l’économiste Pierre Madec : si l’on rapporte la perte que représente la fin de l’abattement fiscal au niveau de vie, « elle est significativement plus faible pour les 5 % de retraités les plus riches... ».

Une fiscalité qui pénaliserait les retraités des classes moyennes
Le gouvernement s’est engagé à ne pas augmenter les impôts des classes moyennes. S’il donnait suite à la proposition de supprimer l’abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités, il alourdirait significativement la fiscalité des retraités des classes moyennes qui ne sont pas tous des nantis, particulièrement ceux qui disposent de pensions entre 1 500 et 2 500 euros.

Des effets connexes préjudiciables :
Un nombre conséquent de retraités pourraient devenir imposables et perdre des droits réservés aux ménages non imposables (aides au logement, complémentaire santé solidaire, aides à l’adaptation du logement...).
Par ailleurs la suppression de l’abattement augmenterait mécaniquement le revenu fiscal de référence et entraînerait, pour une partie des retraités, un changement de tranche de CSG. Ce serait pour ces retraités, la double-peine : une augmentation des impôts et une augmentation de la CSG. La baisse de pension nette perçue en début de mois serait particulièrement dure à avaler !

Imposer plus fortement les retraités riches ?
Les retraités les plus favorisés disposent d’un patrimoine conséquent, et il est légitime d’encourager la circulation de ce patrimoine pour favoriser les jeunes générations, et aider leur accession au logement. « Augmenter l’imposition sur le patrimoine viserait les personnes riches, parmi lesquelles des retraités, qui peuvent être multi-propriétaires, et ce serait très juste », déclare l’économiste Mickaël Zemmour. Nous souscrivons volontiers à cette proposition. Pour nous, augmenter les impôts des plus riches, qu’ils soient retraités ou actifs, favoriserait une plus grande équité, tant entre générations qu’au sein d’une même génération.
Si l’on veut avoir une politique fiscale vraiment redistributive, à l’UNSA Retraités, nous pensons qu’il est préférable d’imposer d’avantage les revenus du patrimoine, mobilier ou immobilier, plutôt que diminuer les pensions par la suppression de l’abattement fiscal de 10%, un impôt déguisé dont la cible est pour l’essentiel les retraités des classes moyennes.
Redisons-le avec force, pour l’UNSA Retraités, la suppression de l’abattement fiscal de 10%, c’est non !

Je signe la pétition contre la suppression de l’abattement fiscal de 10% sur les pensions et retraites.