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Réforme de l’assurance chômage : les seniors ciblés !

mardi 11 juin 2024

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La réforme de l’assurance va cibler les plus précaires, les plus jeunes mais aussi les fins de carrière…
Preuve que le gouvernement, même en fin de vie, est acharné à réduire les droits des chômeurs, la réforme passera en force, par décrets. Malgré la dissolution de l’Assemblée, malgré l’absence de députés pour la voter, la réforme de l’assurance chômage sera menée à son terme.

On le sait le taux d’emploi de seniors est faible. Pour des raisons multiples : l’usure liée à des conditions de travail plus pénibles qu’ailleurs, une mauvaise adaptation des fins de carrière, avec une réduction des critères de pénibilité, et un âgisme chronique dans la gestion des ressources humaines contribuent à un taux de chômage plus élevé à partir de 50 ans, et surtout une énorme difficulté à retourner à l’emploi.
Pour le Président de la République comme pour son Premier ministre, il suffit de réduire les allocations chômage pour renouer avec le plein emploi. Comme si une allocation moyenne de 1000 euros constituait un futur désirable…

Un fort durcissement des règles pour les seniors
La réforme de l’assurance chômage va entraîner un durcissement de l’accès aux droits pour les plus de 57 ans.
Avant la réforme, il suffisait d’avoir travaillé six mois sur les trois dernières années pour bénéficier d’une allocation chômage pendant 27 mois.
A partir de décembre prochain, il faudra avoir travaillé 8 mois pendant les 30 derniers mois pour bénéficier d’une allocation de retour à l’emploi, mais seulement pour une période de 22 mois et demi. Pire, si le taux de chômage baisse au-dessous de 6.5% l’indemnisation sera réduite à 15 mois.
Pour les 55-56 ans, qui bénéficiaient des mêmes règles de protection que les plus de 57 ans, les règles se durcissent davantage : Il faudra avoir travaillé 8 mois pendant les 20 derniers mois pour bénéficier de l’assurance chômage et celle-ci sera réduite à 15 mois, et à 12 mois, si le taux de chômage est inférieur à 6.5%.

Une compensation dérisoire et limitée dans le temps :
Alors que la réforme des retraites a repoussé de deux ans l’âge d’ouverture des droits, aucun dispositif d’incitation à l’emploi des seniors contraignant pour les entreprises n’a été mis en place. Seul est avancé le dispositif qui permettra aux plus de 57 ans de percevoir un complément de salaire aux frais de l’Unédic s’ils acceptent un boulot moins bien rémunéré, et cela seulement pour un an. Après… bonjour la précarité !

Vers un sas de précarité en fin de vie professionnelle.
Le pourcentage de chômeurs non indemnisés ne cesse de croître. Moins d’un chômeur sur deux perçoit en effet une allocation. En mars 2021, ils étaient 47 %, trois ans plus tard, en mars 2024, ils ne sont plus que 44 %.
La réforme de l’assurance chômage va donc pousser vers le RSA des chômeurs âgés en fin de droit de plus en plus nombreux. Ceux qui trouveront du travail devront accepter des emplois sous-payés. Cela conduira à une baisse tendancielle de l’ensemble des salaires. Pas le meilleur moyen de lutter contre la smicardisation de la société.
Mais pour Gabriel Attal comme pour Emmanuel Macron, la baisse des indemnités de chômage conduit automatiquement au plein emploi. Sauf que cela relève de la pensée magique !