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Une France âgiste, des Français qui ne le sont pas.

jeudi 30 janvier 2025

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Le Conseil de l’âge a initié en 2024 un cycle de travail autour des problématiques de discriminations liées à l’âge et d’âgisme. Le sujet est en effet d’actualité. En période récente, notamment lors de la crise sanitaire de la Covid 19 puis de la discussion de la réforme des retraites de 2023, des tensions intergénérationnelles ont surgi, même si les observateurs les ont moins interprétées comme le risque d’une « guerre » que d’une possible « scission » des générations.

À ce titre, le Conseil avait décidé de lancer une enquête, réalisée par Toluna-Harris interactive, afin de disposer de la perception d’un échantillon représentatif de la population de la vieillesse, du vieillissement de la population, des personnes de 65 ans et plus, ainsi que des comportements âgistes. De fait, alors que la société vieillit, que la longévité individuelle se prolonge, que de plus en plus de générations cohabitent, il n’existait pas encore de baromètre sur ces questions.

Que retenir de cette enquête ?

  • 29% des Français estiment que l’on est vieux à 55 ans, 68% à 65 ans, 89% à 75 ans et 95% à 85 ans.
  • Les images ou opinions qu’évoquent la vieillesse sont assez négatives : certes la retraite arrive en tête mais c’est suivi des termes maladie, problèmes de santé, dépendance, solitude.
  • Les termes fréquemment utilisés pour qualifier les 65 ans et plus sont : retraités, séniors, papis et mamies.
  • Le vieillissement de la population représente de manière générale une opportunité pour la société pour 54% des Français (28% un désavantage). Pour le dynamisme économique ils sont 47% à y voir une opportunité (36% un désavantage). Pour la protection sociale la tendance s’inverse avec 44% de désavantage ( 38% une opportunité).

Mais ce sont majoritairement les plus de 50 ans qui pensent le vieillissement en termes d’opportunité, les plus jeunes sont plus réservés mais paradoxalement ils ont une moins mauvaise opinion des conséquences du vieillissement sur le système de protection sociale que les plus âgés.
Même s’ils adhèrent à certaines représentations négatives sur les 65 ans et plus (difficultés avec les technologies, nostalgie, lenteur...), les Français en ont généralement une représentation positive et refusent de les ostraciser par rapport aux autres générations (ils ne sont pas moins utiles, pas moins agréables à fréquenter…).
Concernant le concept d’âgisme, il est relativement peu connu par les Français (1/3 en a entendu parler) mais ce sujet est mieux identifié par les plus jeunes.
Les 2/3 des Français considèrent que la société est âgiste, à fortiori les femmes, mais ¼ « seulement » se déclare âgiste ( a fortiori les jeunes générations et les CSP-).
L’augmentation récente de l’attention aux discriminations (notamment envers les femmes) explique certainement que ce sont surtout les plus jeunes qui estiment le plus que la société est âgiste. A l’inverse les plus de 50 ans et les 65 ans et plus, directement concernés ne semblent pas s’être totalement « saisis » de ce sujet.

Les phénomènes d’âgisme sont avant tout des plaisanteries et moqueries ( 28%) , des limites d’âge empêchant l’exercice de certaines fonctions ( 25%), des paroles ou comportements humiliants ( 23%) , des abus de pouvoir (21%) , une mise à l’écart en raison de l’âge ( 20%).
L’espace public (transports, rue) constitue le principal lieu où se produisent les actes d’âgisme, suivi des commerces et des médias et du cadre privé.

Au final, 12% des 50 ans et plus indiquent avoir été victimes d’au moins une forme d’âgisme.
Les plus jeunes indiquent davantage que la moyenne être témoins de situation d’âgisme … Sans doute cela vient-il du fait qu’ils sont , en général, plus sensibles aux enjeux d’identité et de discrimination. Ce qui est une bonne nouvelle pour nous.