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Après l’adoption du PLFSS 2026

mercredi 17 décembre 2025

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Le PLFSS 2026 a été adopté par l’Assemblée Nationale en deuxième lecture le 16 décembre 2025. Nous n’avons pas à porter de jugement sur la nature des tractations entre groupes politiques qui ont conduit à son adoption. Mais en tant que pôle transversal des retraités de l’UNSA, il nous appartient de mesurer les conséquences de cette Loi de Financement de la Sécurité sociale sur le quotidien des retraités de l’UNSA et plus largement de l’ensemble des retraités.

Quelle incidence sur les pensions ?
Le projet initial prévoyait le gel des pensions et des prestations sociales, au rang desquelles l’ASPA. Les députés avaient rejeté cette mesure en première lecture, les sénateurs l’avaient partiellement rétablie pour les « grosses » retraites. Après le vote définitif, c’est l’article 161-25 du Code de la Sécurité sociale qui s’applique et entraîne une revalorisation des pensions de 0,9% en janvier 2026. Si cette application du code de la Sécurité sociale épargne aux retraités une ponction de 2,7 milliards d’euros sur leurs pensions, elle n’empêchera pas un décrochage de ces pensions par rapport au salaire des actifs. Si l’on en croit Les Échos, le salaire moyen devrait augmenter de 2,1% en 2026 avec une amplitude entre 1,5% et 3,5% selon les secteurs.
Pour les 14,7 millions de retraités percevant une retraite du régime complémentaire AGIRC-ARRCO, dont la valeur du point servi est gelée depuis novembre, ce sera un décrochage marqué par rapport au niveau de l’inflation. Cependant, ce gel résulte non du PLFSS mais bien de l’absence d’accord entre partenaires sociaux gestionnaires du régime complémentaire et de la proposition provocatrice du MEDEF qui avait ouvert la négociation avec une proposition de revalorisation des retraites complémentaires obligatoires de 0,2 %.
Rappelons que n’étant pas (encore) reconnue représentative dans le secteur privé, l’UNSA n’a pas droit au chapitre dans ce domaine.

Quelle incidence sur la santé ?
L’objectif national de dépense d’assurance maladie (ONDAM), qui devait augmenter de 1.6%, est finalement fixé à 3,1%. Malgré l’augmentation, l’effort reste insuffisant pour répondre aux besoins croissants et à l’inflation. Il aurait fallu qu’il augmente de 4% pour arriver à couvrir ces besoins. Les hôpitaux sont déjà endettés (3 Milliards d’euros en 2024) ; un ONDAM sous-évalué aggravera cette situation.
Le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires était une proposition injuste qui sapait les fondements mêmes de la Sécurité sociale en faisant payer directement les malades. Son abandon est une mesure d’équité.

Un financement de la Sécurité sociale toujours insuffisant
Certaines exonérations de cotisations sociales, notamment sur les heures supplémentaires, seront compensées par l’État, ce qui est l’application de la loi Veil qui prévoit que toute mesure d’exonération de cotisations sociales doit être compensée à la Sécurité sociale. La Sécurité sociale récupère ainsi 4,6 Milliards de TVA au titre de ces compensations.
Mais quelques mesures limitant les dépassements d’honoraires par sur-cotisation, ou la fixation de tarifs médicaux pour limiter la rentabilité excessive de certaines spécialistés (radiothérapie, imagerie médicale…) ont été rejetées. Les lobbies médicaux ont joué à plein et ces mesures qui auraient enrayé le renoncement aux soins n’ont pas été retenues.
Parmi les mesures retenues, la taxation des complémentaires santé à 2,05% sera répercutée dès 2026 sur les usagers. Un mauvais coup pour les retraités qui supportent déjà des frais de mutuelle très élevés.

La suspension de la réforme des retraites
Cette mesure est appréciée de manière divergente par les organisations qui ont mené conjointement l’action contre la reforme de 2023. Parce qu’à l’UNSA, nous sommes réformistes, si nous refusons cette réforme, nous ne pouvons que nous satisfaire de sa suspension jusqu’en janvier 2028, ce qui améliore la situation de 650 000 salariés proche de la retraite. Ceux que nous rencontrons sur le terrain sont particulièrement attentifs aux incidences de cette mesure sur leur cas personnel.

Un PLFSS qui n’apporte aucune réponse structurelle aux difficultés de la Sécurité sociale
Ce budget est un budget de compromis, qui a le mérite d’écarter les mesures les plus pénalisantes pour les retraités.
Ces mesures, nous les avions dénoncées avec vigueur, dès le 21 juillet, à l’heure où d’autres que nous, réputés plus radicaux, profitaient de leurs vacances. Pour mémoire, notre article du 21 juillet.
Certains de nos lecteurs, peu nombreux, adoptant un point de vue orienté par une lecture politique, nous font le procès d’une complaisance excessive à l’égard du gouvernement Lecornu.
Nous analysons avec lucidité les menaces qui pesaient sur les retraités, et que notre action, par la médiatisation et l’intervention auprès des parlementaires, a peut-être contribué à écarter.
Le niveau des pensions ne nous satisfait pas, même revalorisé de 0.9%. Nous revendiquons une revalorisation significative des petites pensions et de l’ASPA, et la garantie du maintien du pouvoir d’achat de toutes les autres pensions, avec une revalorisation indexée sur les salaires et au moins égale à l’augmentation des prix. Et de ce pont de vue, le compte n’y est pas vraiment !

Pour une concertation sur le financement de la Sécurité sociale
Dans un contexte marqué par les fractures territoriales, le vieillissement, la progression des maladies chroniques et les transformations écologiques, technologiques et sociales, il devient urgent de repenser en profondeur le financement de la Sécurité sociale. L’UNSA réitère la nécessité d’une concertation élargie, incluant les employeurs, les organisations syndicales, les pouvoirs publics et les citoyens pour construire une réforme du financement de la Protection sociale transparente, démocratique, réellement partagée et permettant de préparer l’avenir.