Accueil > En régions > Occitanie > Billet d’humeur : ASPA, ignorance ou tromperie ?
Billet d’humeur : ASPA, ignorance ou tromperie ?
vendredi 26 décembre 2025
◷ Lecture 3 min
Le sujet de l’Allocation de Solidarité aux Personnes Agées est l’objet de multiples fantasmes. Parmi les plus fréquents : « ils n’ont jamais rien foutu et ils touchent plus de 1000 euros de retraite ». On généralise et on stigmatise l’assistanat et le « pognon de dingue » gaspillé sans discernement.
Rappelons à ces grands esprits, partageant leurs lumières au comptoir du bistrot du coin et plus encore sur ces égouts médiatiques que sont les réseaux sociaux, quelques vérités d’évidence.
– L’ASPA est une allocation différentielle qui permet à son bénéficiaire de disposer d’un revenu de 1034 euros pour une personne seule, soit environ 80% de la somme définissant le seuil de pauvreté : 1288 €.
– La très grande majorité des allocataires bénéficie aussi d’une pension étayée sur les droits acquis, et de fait, l’allocation moyenne versée aux bénéficiaires de l’ASPA ne dépasse pas 500 €. Ils n’ont donc pas « rien foutu » et ne perçoivent pas 1000 € d’ASPA.
– Seulement 9% des allocataires du minimum vieillesse ne perçoivent que l’ASPA et la perçoivent en totalité. Pas vraiment des fainéants, mais plutôt des esquintés de la vie, handicapés, malades chroniques, ou femmes qui ont bossé toute leur existence sans ouvrir de droits. Ces supposés « parasites » ne sont que 65 000.
Un qui fait fort dans la désinformation, c’est le maire de Béziers, accessoirement chroniqueur sur de multiples chaines d’info en continu, BFM, RMC, et autres, sans oublier ses « posts » réguliers sur Facebook. Dans le JD News du 23 novembre, il affirmait sur un ton aussi docte que péremptoire que « un algérien qui arrive en France peut immédiatement toucher l’allocation vieillesse », il éveillait ainsi l’indignation de ses affidés. Pensez, arabes et fainéants, qui viennent se gaver sur notre dos…
Sauf que … ce n’est pas vrai !
Pour bénéficier de l’ASPA, il faut dix ans de séjour continu en France avant de déposer la demande, et il y a une obligation de résider au moins neuf mois par an sur le territoire national.
Autant dire que le touriste social qui viendrait toquer au guichet de la CNAV pour toucher son ASPA avant de retourner au pays, riche de son pactole, c’est juste pas possible !
M. Ménard se trompe, ou peut-être, tente-t-il de tromper les gens qui lui font confiance, pour stimuler les élans xénophobes et racistes malheureusement de plus en plus fréquents dans l’opinion.
Dans la réalité, qu’arrive-t-il à l’ancien ouvrier marocain ou algérien, qui a trimé sur les chantiers du bâtiment ou des travaux publics une vingtaine d’années, et qui, bénéficiaire de l’ASPA, pourrait être tenté de retourner six mois au pays, parce que la vie y est moins chère et parce que vivre avec 1034 € par mois en France, c’est survivre ? S’il le fait, il perd tout simplement son droit à l’ASPA puisqu’il faut neuf mois par an de résidence en France.
Dans la vraie vie, un retraité sur deux qui pourrait bénéficier de l’ASPA ne la demande pas, le plus souvent parce qu’il ne connaît pas ses droits. Quelquefois aussi parce qu’il craint un recours sur succession à son décès.
On est bien loin des assertions doctement affirmées par M. Ménard qui, au mieux, ne sait pas de quoi il parle, au pire, abuse le bon peuple.

