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Médecines « douces », alternative aux soins ou charlatanisme ?
mardi 28 octobre 2025
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Dans un contexte où la rationalité et la rigueur scientifique sont battues en brèche par la notoriété d’influenceurs, qui se répandent sur les réseaux sociaux, on peut s’inquiéter légitimement du développement de certaines pratiques présentées comme des alternatives à la médecine conventionnelle, dangereuses pour les patients tentés d’y recourir.
On a entendu récemment le président des Etats-Unis, celui-là même qui prétendait soigner le covid par des injections d’eau de javel, mettre en garde contre l’usage du paracétamol, auquel il imputait la responsabilité de l’autisme. Sans s’attarder sur ces propos caricaturaux, retenons quand même qu’ils tendent à altérer la confiance dans la médecine fondée sur des siècles de recherches et de déductions étayées sur la science.
Des pratiques dangereuses
Dans un contexte où le parcours médical peut s’avérer complexe, la tentation d’essayer « autre chose » peut se faire jour, surtout si l’on s’aventure sur les moteurs de recherche pour trouver quelques solutions à nos maux. Disons-le clairement, il peut être dangereux de vouloir soigner un cancer avec des huiles essentielles ou des bouillons de légumes. Les chimiothérapies sont épuisantes et douloureuses, mais en général, elles soignent et peuvent offrir une perspective de rémission. Pas toujours malheureusement, mais dans une proportion croissante. Interrompre une chimiothérapie peut apporter un gain de confort immédiat, mais au détriment du soin, et pendant que l’on se sent mieux, accompagné par un traitement en médecine « douce » qui relève du placébo, la tumeur prospère jusqu’à l’issue fatale.
Un marché lucratif
Lorsque l’on parle de certaines pratiques, telles que naturopathie, magnétisme, psychologie énergétique… on peut s’inquiéter car elles s’apparentent à des dérives sectaires. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit aussi d’un marché. Certains naturopathes ont des contrats avec des laboratoires spécialisés dans la production de compléments alimentaires ou d’huiles essentielles… Le marché des médecines alternatives représente des milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Il faut s’inquiéter aussi de certaines dérives des mutuelles, qui utilisent la prise en charge de certaines médecines alternatives comme produit d’appel, dans un contexte de concurrence de plus en plus tendu. Conséquence : les gens voient leur tarif de mutuelle augmenter, et les pseudo-thérapeutes reçoivent plus de clients, puisque les complémentaires santé peuvent proposer des forfaits incluant plusieurs consultations remboursées. Dans une de ses interventions, Dominique Corona, secrétaire national de l’UNSA en charge de la protection sociale dénonçait cette dérive. « On pourrait aussi rembourser les bains de siège préconisés par la regrettée Rika Zaraï » dénonçait-il !
Pratique illégale de la médecine ?
S’il est interdit, sans disposer des titres et diplômes, d’apposer une plaque de médecin sur sa porte d’entrée, au risque d’encourir les sanctions prévues à l’encontre de la pratique illégale de la médecine, dans la législation française, le terme « médecine » n’est pas encadré, et n’importe qui peut se prévaloir de pratique de médecine « traditionnelle », chamanique, ou chinoise sans encourir de sanction. La loi a cependant évolué favorablement puisqu’elle sanctionne les pratiques conduisant à « la provocation à l’abandon ou à l’abstention de soin ».
Pour aller plus loin
Pour approfondir le sujet, vous pouvez lire l’ouvrage publié par Margot Brunet : Naturopathie, l’imposture scientifique, éditions Les échappés.
